On lit souvent de Clint Eastwood qu'il réussit avec brio dans les registres les plus inattendus, là où on ne l'attend pas. Avec Gran Torino, le succès vient précisément de là où on l'attend, avec un film centré sur la caricature de lui-même : Walt Kowalski, vieux réac conservateur, raciste, masculin à l'excès, féru d'armes et de bagnoles, représente cette Amérique d'avant, qui vient de réaliser que le monde avait changé.
Walt Kowalski est en deuil de sa femme, mais surtout de lui-même, de cette vie qu'il n'a pas franchement su vivre, fermé sur lui-même, endurci par une vie sans rédemption possible.
Son coeur et ses valeurs n'étant pas totalement desséchés, il peut s'inquiéter face au mauvais sort qui menace ses voisins, au sein de cette ville qu'il ne reconnait plus.


Walt, Clint, c'est pareil. Dans le film, ce vieux con n'est pas une personne mauvaise : si ses pensées ou ses paroles le sont souvent, ses actes ne le sont pas.
Sobre et réaliste, le film dit et montre avec un bel équilibre dépourvu de faux-semblants tout en restant pudique.


Les questions de la vie et de la mort, de la jeunesse et de la vieillesse, sont explicitement posées dans le film. Ce n'est pas un hasard, et cela nous rappelle à tous la chance immense qu'un réalisateur aussi talentueux vive assez longtemps pour transmettre, par son art, des points de vue trop rarement perçus à la première personne.

windblowser
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le 20 mai 2020

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