Madrid, les années 70. Dans l'Espagne encore traditionnelle, on est pas franchement "fête des voisins". Par conséquent, si vous emménagez dans un appartement sombre, vieux et qui vous cause de gros soucis, ne comptez pas sur l'entraide, et démerdez-vous.
Vous serez seul.
Enfin, ici, c'est une famille qui débarque au grand complet (avec son lot de secret), mais on sent que ce n'est pas l'aïeul gâteux, le fils bègue, le petit garçon fragile, l'adolescente mal dans sa peau, la mère dépassée et le père froussard qui vont pouvoir faire face à une entité légèrement défraîchie mais dotée de bien curieux pouvoirs,
dont celui de maîtriser les programmes télé, les toupies, et le tirage de corde à linge.
Si l'ambiance est bien mise en place, si les relations familiales et le poids des injonctions sociales (un peu au coeur du film) sont bien rendues, et si l'on sent profondément les années 70 (tabac, pollution, sueur et poubelles au petit matin inclus), le scénario est tout de même un peu léger, et certaines situations sont vraiment, très, très "surprenantes".
Par exemple, si mon môme de cinq ans disparaît dans la nature, j'ai du mal à aller bosser le lendemain en attendant son hypothétique retour, même pour payer le crédit immobilier.
On apprécie tout de même, pour une fois, la décision unanime de se barrer de l'appart quand il n'y a plus aucun doute sur la présence pas méga-bienveillante d'un fantôme.
Par bonheur, il y a toujours quelqu'un qui sait et qui pourra venir en aide à la famille.
Manque de bol, c'est Stephen Hawking.
Le vague twist sorti de nulle part permet au film
d'être dans l'air du temps, et à Amparo (l'adolescente plutôt audacieuse) de montrer à quel point elle est tolérante, ce qui est presque inattendu de la part d'une paysanne catholique venue du fin fond de l'Espagne franquiste.
Regardable, parfois effrayant (mais sans innovation), et visuellement réussi, ce film est trop convenu pour nous hanter bien longtemps.