J'ai dû voir trois films d'horreur dans ma vie, parce que, justement, je croyais que c'était l'horreur. Je garde du genre l'idée qu'on se fait à 12 ans. Et comme je regarde tout ce qui parle espagnol, je me suis tapée devant celui-ci, en me disant que je ne gardais pas un si mauvais souvenir de El espinazo del Diablo. En fait, je suis le genre de spectatrice à considérer que El Laberinto del Fauno est un film d'épouvante. Une vraie chochotte, en somme. Mais bon, j'avais un champ lexical à explorer, je me suis lancée. Au bout de trois secondes, chrono en main, j'étais déjà dubitative : un immeuble volontairement sinistre présenté sur une musique lugubre, on sentait que ça allait labourer profond. Et pof, silence. Puis bruits bizarres. Puis rupture d'ambiance, et rebelote, on reprend depuis le début. Boooon, il ne faut pas tirer des conclusions dans le premier quart d'heure, ça fait bâclé. Je me suis donc accrochée. Au dixième plan de porte qui s'ouvre toute seule en grinçant, ma patience était gravement entamée. D'autant que la bande son n'avait rien gagné en subtilité dans l'intervalle. Au vingtième gros plan sur les yeux de n'importe lequel des protagonistes qui se tournent avec une lenteur exaspérante vers l'endroit où l'on pense qu'il s'est passé quelque chose d'inquiétant, hors champ pour nous aussi, la première éruption cutanée a fait pop sur le dos de mes mains. Au douzième plan sur lequel on discerne à peine un machin tapi dans l'ombre, j'étais prête pour la finale poids plume de boxe thaïlandaise, remontée comme une pendule, disposée à en découdre avec n'importe quel adversaire deux fois plus haut que moi. Et à la cinquième occurrence du plan de coupe qui débouche sur la disparition d'un personnage tranquillement assis sur une chaise la seconde d'avant, les jeux étaient faits, je commandais un char russe pour attaquer une maternelle. En résumé : c'est bien joli d'avoir tout compris des recettes qui font le suspense dans les histoires de revenants vicelards et bambinophages, mais ça ne dispense pas de passer un peu de temps à se creuser les méninges pour étoffer un minimum le scénario, histoire qu'entre deux plans téléphonés, on ait un peu quelque chose à se mettre sous la dent. Total, même pas peur, mais c'était bien l'horreur !