Adapter la saga Uncharted, pour Sony, était une chose facile : il suffisait de se servir tant en péripéties qu'en personnages clé en mains et le tour était joué. Les doigts dans le nez.
Gran Turismo ? Cela s'annonçait comme une toute autre affaire. Vu que sorti du circuit, de l'aspect collection et de l'attraction pour les belles courbes, il ne restait pas grand chose pour nourrir un scénario exploitable sur grand écran.
Quant à l'annonce de l'arrivée de Neill Blomkamp au volant, elle suscitait à la fois curiosité et crainte. Car si tout le monde avait adoré District 9, les mêmes avaient retourné rapidement leur veste avec ses efforts suivants, Chappie et Elysium.
Pour quel résultat finalement ?
J'évacuerai immédiatement pour ma part la critique imbécile liée à la publicité et au placement produit, tellement celle-ci semble à côté de la plaque. Comme si le film Gran Turismo pouvait faire l'impasse, à l'image, sur ses bailleurs de fonds que sont Sony, Polyphony et Nissan.
Pour mieux s'arrêter sur la position prise par l'oeuvre : car si le jeu vidéo éponyme s'impose bien sûr comme la base de la passion automobile, le film choisit de passer par le biais de la GT Academy pour ensuite investir une histoire à la Rocky ou, pour rester dans le domaine automobile, à la Jour de Tonnerre. Plutôt bien vu, puisqu'il est par ailleurs librement inspiré de faits réels.
Gran Turismo choisit donc sans étonner la voie du conte de fée empruntée par ses aînés, avec un léger terreau social à la Billy Elliot, où la pratique incomprise du gaming remplacerait la danse. Du classique donc, mais qui reste très agréable à regarder. Même si Neill Blomkamp, à la caméra, se conforme sans doute à son contrat et ne fait pas étalage de sa personnalité.
Cependant, ce serait mentir que d'affirmer que les sensations ne sont pas au rendez-vous, tandis que la caméra épouse tantôt la charte du jeu, tantôt l'aspect de ses jolis replays débordants d'angles de vue différents. L'amour de la belle carrosserie est aussi au rendez-vous, tout comme le frisson de vitesse inhérent à la saga Gran Turismo.
L'histoire de la success story ainsi contée ne sortira jamais de la piste, tant nombre de ses éléments ont déjà été vu ailleurs : les débuts météoriques, les coups durs, les coups de blues, la romance qui, heureusement, ne prend pas une place inconsidérée, les ennemis acharnés qui la jouent sale. Mais surtout cette relation entre élève et mentor, qui emporte le morceau de manière plutôt efficace. Il faut dire qu'elle est emmenée par le faux caractère d'ours bourru de David Harbour, que l'on a plaisir à retrouver. Et qui éclipserait presque son pilote vedette ou encore Orlando Bloom, n'occupant qu'un second rôle de luxe.
Irrigué de cette relation finalement attachante, l'oeuvre se montre efficace de bout en bout, culminant sur la piste d'une épreuve mancelle aussi galvanisante que réjouissante. Et à condition de ne pas imaginer se retrouver devant des sommets comme Rush ou encore Le Mans'66, Gran Turismo, tout en s'imposant comme une jolie vitrine de l'univers Playstation dont il est issu, fera passer un très bon moment.
Behind_the_Mask, qui ne perd pas les pédales.