Prenez une entreprise de pompes funèbres sans cadavres à inhumer ; un employé de pompes funèbres qui se désole tellement d’ «arriver toujours trop tard» qu’il finira le film reconverti en ambulancier ; un mort qui n’est pas vraiment mort ; un beau-frère et une belle-sœur qui sont aussi un peu plus que cela ; un saint homme pas si saint que cela ; une vieille dame au bord de la tombe qui reprendra du service en standardiste pimpante ; un patron de restaurant chinois typiquement belge sans personne à restaurer ; un homard inespéré caché au fond d’un aquarium... Et vous aurez l’essentiel des apparences trompeuses réunies dans « Grand Froid ». Ingrédients loufoques et décalés, qui participent grandement à l’allure très belge de cette coproduction franco-belgo-polonaise, tournée dans les trois pays.


Premier long-métrage de Gérard Pautonnier, sorti en 2017, « Grand Froid » est aussi l’adaptation du premier roman de Joël
Egloff, « Edmond Ganglion & fils » (1999). L’auteur a lui-même pris part à sa transposition en scénario.


Si les dialogues sont souvent désopilants et les situations inattendues, le film souffre aussi de certaines longueurs, de quelques relâchements dans le niveau de l’humour, et surtout d’une fin aussi improbable que peu satisfaisante, scénaristiquement parlant. Pourtant, la brochette d’acteurs est savoureuse : Olivier Gourmet, en patron blasé et volontiers brusque auprès de ses clients ; Jean-Pierre Bacri, en employé aussi usé qu’inquiet, plaçant tout son honneur dans la sépulture prestigieuse qui recevra son corps et vouant toute son énergie à la recherche d’une épitaphe qui puisse se montrer à la hauteur du fronton altier de ce qui sera son ultime demeure ; Arthur Dupont, en employé débutant, encore plein de cœur et tentant de préserver la vie par tous les moyens possibles ; Sam Karmann, en curé plus soucieux des offrandes déposées dans le tronc de son église que des messes et offices qu’il lui faudra expédier ; Feodor Atkine, en homme à qui s’offre une nouvelle vie et qui ne semble pas tant regretter l’ancienne...


Et pourtant, même si le rire attendu, espéré, est souvent au rendez-vous, quelque chose reste figé et une petite bise froide empêche que le rire fasse fondre totalement la glace dans laquelle ce film finit par rester prisonnier...

AnneSchneider
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le 2 juin 2018

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Anne Schneider

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