Pour son premier long métrage, Julia Ducournau n'a pas choisi la facilité en mettant en scène une adolescente végétarienne qui se découvre un appétit féroce pour la viande après un banal bizutage. Entre les spectateurs attirés par sa réputation sulfureuse (2 personnes se seraient évanouis à une projection en festival), ceux qui voudront se marrer devant un film bien gore ou les anti-bizutages, Grave risque de décevoir beaucoup de monde.
Si Wild Bunch prend des risques avec la communication autour du film sa hype est pourtant justifiée, tant Grave s'avère être un premier film malin, maîtrisé et marquant. Avec un sujet pareil le risque était grand de tomber dans tous les pièges inhérents au genre horrifique, aux excès en tout genre, mais le film marque pour les bonnes raisons et non pour des scènes chocs inoubliables. Ce qui reste après la projection, c'est son univers étouffant, sa réalisation inspirée et une écriture étonnante.
Car bien plus qu'un film d'horreur français, Grave est un film transgenre qui se sert du cannibalisme de son héroïne pour parler féminisme (l'absence d'hyper sexualisation par exemple, omniprésente dans le genre est salutaire), initiation, découverte du corps. Bien sûr, le film ne ménage pas le spectateur, et certaines scènes ne sont pas... confortables. Mais rien n'est jamais gratuit. Bon appétit.