Les bons films d’horreur des années 2010 peuvent se compter sur les doigts de la main, et Grave en fait largement partie. Certes, le film ne respecte pas la montée en tension classique comme le font 95 % des films de ce genre, et préfère privilégier l’esthétique, mais qui lui en voudra ? Après plusieurs années de Sinister, Conjuring, Annabelle, et j’en passe, Grave impose son style. Même si le film se rapproche artistiquement du récent It follows, le synopsis reste quand même plus bancal: une végétarienne en voie de devenir une cannibale après avoir manger un morceau de viande pour la première fois de sa vie. A première vue ma réaction était « wtf qu’est ce que c’est ça encore ? », mais en y réfléchissant, la plupart des synopsis de ce genre sont tous assez similaire en simplicité.
Là où ma hype montait, c’est à la sortie de la Bande Annonce. Aucun dialogue, un style assez fidèle au résultat final, et aucune majeure indication sur l’histoire. Le genre de bande annonce qui fonctionne le mieux à mon avis. Dans le style de la promo de Twin Peaks : The return, la prod ne nous agresse pas avec des spoils à tous les plans ou même des sensations de spoils (assez fréquent également).
Enfin par rapport au film, le scénario est simple et efficace, tous les personnages ont leur importance et sont assez bien développés (mention spéciale a Adrien, interprété par le rappeur Rabah, qui lève des sujets secondaires par rapport à l’histoire, comme le rapport d’amitié entre l’homosexuel et la femme, sans que cela ne prenne le pas sur ce qui nous intéresse vraiment). Par contre, j’ai vraiment trouvé la fin (les 15 dernières secondes très exactement) totalement incohérente et assez abusif, malgré que plusieurs me disent le contraire. Certes on pourrait penser qu’il pourrait y avoir une certaine ambiguïté quand aux origines de cette passion pour le cannibalisme, mais l’information est trop brute pour que ça ai du sens.
Mais là où Grave excelle, c’est par les choix artistique de Julia Ducournau, néo-réalisatrice qui, j’espère, va s’affirmer dans les prochaines années. Les inspirations ainsi que les références y sont nombreuses (par exemple la séquence assez similaire à Carrie, qui marque le début de la descente en enfer pour Justine), mais c’est également ça qui va faire s’éloigner Grave de la catégorie épouvante/horreur, pour laisser place à une part importante de thriller psychologique (que l’on peut également retrouver dans Get out, sorti quelques semaines plus tard).
Grave nous fait suivre l’histoire d’une jeune femme plongée dans un monde nouveau pour elle, et peut ainsi rappeler pour certains la difficulté que provoque un changement d’environnement. Même si un peu cliché et incohérent sur quelques aspects du scénario (la grande sœur qui ne se préoccupe pas, ni même ne voit pas les problèmes de Justine), le film n’en reste pas moins plaisant et intriguant à regarder.
Le travail sur le son et la musique de Jim Williams donne une profondeur plus intime au film et il y a une vrai tentative de nous faire rentrer dans la tête de la protagoniste, cherchant à nous faire comprendre les raisons de ses choix, et ainsi rajouter une autre part d’originalité et de créativité par rapport aux autres films actuels du genre.
Pour son premier film, Ducournau s’affirme. Elle prend des risques et donne une vrai identité à son film. Maintenant, il ne reste plus qu’à voir si dans l’avenir sa carrière prendra un autre tournant, ou si elle continuera de rester dans le même registre. Mais nul doute que Grave ne laissera pas totalement indifférent ses spectateurs.