C'est à la croisée des genres que la confusion de ton arrive. L'épouvante est très bien représentée et les scènes violentes psychologiquement fonctionnent avec une précision chirurgicale (Ouais je me suis permis) Les scènes avec les effets spéciaux sont folles. Et c'est le bon équilibre entre ces deux types de scène qui assoie clairement le film comme une oeuvre d'épouvante. Ce qui dénote avec le choix d'instaurer un point de vu réaliste. C'est surement ce qui va créer le décalage de malaise qui caractérise si bien ce film. Mais c'est aussi ce qui fait changer le ton du film de A à Z presque a chaque scène. Et ça m'a trop remué et interrogé pour pouvoir juste regarder l'oeuvre. C'est ça, "Grave" montre trop qu'il est train de questionner le spectateur. Idée qui est vraiment bonne de base.
L'enchaînement d'actions est bien dosé et monte crescendo mais n'est pas crédible même dans un contexte film d'épouvante. Et c'est, je pense majoritairement le rapport qu'on les personnages principaux au monde qui les entoure, le soucis étant dans la manière de filmer la réaction ou plutôt la non-réaction du monde extérieur fasse à ce qu'il se passe. Cela aurait été un angle essentiel à mettre en lumière afin de rejoindre le point de vu réaliste adopté par la réalisation choisie. Ce qui aurait été parfait car on ressent bien que l'objectif premier est d'installer de la proximité avec les personnages, malgré TOUT CE QU'IL SE PASSE ! Le cinéma de genre a échelle humaine fait vraiment son effet et bien géré c'est ce qui fait, je crois l'ampleur et la gravité justement du film et de son propos.
Garance Marillier est d'une justesse à toutes épreuves. L'économie de dialogue lui va bien, elle gère ça très bien. Une certaine puissance fragile transparaît dès le début du long métrage. Par contre l'écriture de son personnage est trop tranchée (hum hum). J'ai jamais vu un personnage aussi influençable et c'est un problème car au final son soucis majeur ce n'est pas le cannibalisme mais ça devient sa tendance à suivre le mouvement. Fait qui sert positivement le déroulement du scénario mais qui éloigne de l'épouvante. La forte présence de la sexualité est maîtrisée et symbolise beaucoup au sein du film.
Le questionnement est au centre de l'oeuvre, ce film mérite plusieurs visionnages car il a le pouvoir de faire prendre à cœur le "pire" au spectateur, en lui offrant un détachement clair entre le support et le sujet. Ceci, peu importe l'avis qu'on aura du long métrage et c'est assez unique pour le mentionner. La scène devant le miroir est parfaite. Le twist de fin est quand même lourd de sens, pas très surprenant mais il instaure une dimension en plus à l'oeuvre.
Ce long métrage doit être important pour l'histoire du cinéma malgré les apparences il a un fort potentiel générationnel pour s'inscrire en tant que film culte et c'est très bien. Ainsi que pour inspirer, cinématographiquement parlant un tas de monde. La touche "française" est encore un peu trop présente mais on s'approche du juste équilibre pour pouvoir inscrire nos œuvres de façon internationales. "Grave" tend vers cela et ça se sent parfois trop. Néanmoins, je suis fier que ce film sorte de l'esprit d'une jeune réalisatrice et scénariste française. ("Grave" boucle mon trio des pépites françaises en matière d'horreur, aux côtés des films "A l'intérieur" et "La horde".)