Sans être le renouveau du cinéma d'horreur francophone ni mériter une litanie de superlatifs, Grave n'en possède pas moins des qualités certaines. Sa principale à mes yeux est de très bien retransmettre le caractère animal, primal, viscéral de l'affection qui touche l’héroïne (Garance Marillier, dont le nom mérite d'être mis plus en avant, est par ailleurs très crédible dans le rôle). Cet objectif est atteint grâce a un scénario finalement assez concis, un montage nerveux et une succession de scènes-choc ou qui tentent de l'être. Le souci c'est que ce qui est gagné ici en impact par le film est perdu à mon sens en profondeur. Le pitch de base, celui de la stricte végétarienne qui,suite à un bizutage devient une carnivore vorace, me laissait espérer une analyse psychologique du personnage et de son évolution un peu plus fine.
Ici basiquement, on lui fait avaler un morceau d'abat et le lendemain elle se retrouve à bouffer de la viande crue gloutonnement directement dans le frigo, j'ai trouvé la transition un peu trop abrupte, alors que le sujet est profond et que le basculement de l'état de végétarienne à celui de carnivore puis cannibale aurait pu donner lieu à quelque chose de plus intimiste et immersif, on ne nous parle que très peu de l'état d'esprit du personnage. Cela renforce le côté animal, mais laisse de fait sur le carreau un traitement qui aurait pu être intéressant.
Le film propose quelques scènes malaisantes,
celle m'ayant le plus marqué étant celle où elle bouffe le doigt de sa soeur comme un Twix, avant qu'on ne comprenne que cette dernière est en fait atteinte de la même affliction et que du coup elle réagisse très peu en voyant sa soeur lui manger le doigt (cette révélation est d'ailleurs plutôt bien amenée, au travers de cette scène et de celle de l'accident de voiture)
néanmoins le gore n'est pas gratuit et toujours au service de l'histoire. L'interdiction aux moins de 16 ans se justifie par ces quelques scènes et l'ambiance générale qui demeure relativement pesante. Il y a de quoi donner quelques haut-le-cœur à Mme Michu, mais si vous y allez dans l'optique de voir un déluge d'hémoglobine vous allez être déçu. Quand aux habitués du gore, ça les fera surement plus rire qu'autre chose.
Pour le twist final, je ne l'ai senti arriver qu'au tout début de la dernière scène, mais je suis bon public et me laisse facilement berner, par contre les fins limiers auront tôt fait de comprendre à mon avis.
En conclusion, un film plutôt bon avec une vraie identité et dont on est contents que le cinéma franco-belge ait éclot, mais qui aurait pu être encore meilleur avec un traitement du thème central un peu plus poussé. D'autres sujets sont également abordés, notamment la sexualité, mais ça reste aussi assez superficiel.