Il y'a dans ce film troublant de Julia Ducournau, et cela est sans doute lié à la perfection technique apparaissant à certains moments dans son oeuvre, une intensité galvanisante. Résumons : une jeune fille poursuit les ambitions familiales, entre végétarisme et destinée de vétérinaire. Et pour cette dernière ambition, elle intègre une école de véto, dont sa soeur fait aussi partie. Ce qui nous saute aux yeux, à nous, spectateurs, c'est la capacité de l'équipe technique à nous perdre quelques instants puis ensuite nous retrouver, comme par exemple lors de ce début de bizutage dont la Justine du film (Garance Marillier y est réellement bluffante!) est victime : le spectateur se retrouve alors plongé dans la noirceur d'une pièce, apercevant des corps rampant et se frôlant, très peu habillés, aussi légèrement que la lumière qui se dégage d'on ne sait où. Et même le moment lorsque la prise de substances "illégales" se produit, dans une fête bien arrosée, l'écran nous harcelant d'effets en tout genres.
La capacité insoupçonnée de cette véritable oeuvre de genre, c'est de nous surprendre d'un coup, comme ça, déjà de par la mise en scène TRÈS inspirée, mais aussi de par toutes ces couleurs qui viennent compléter cette dernière, des lumières à la fois hypnotisantes et ravageantes. Mais soyons directement clairs : tout cela ne suffirait pas sans un scénario véritablement dingue car écrit en pensant à tous les détails, du plus dantesque au plus gore-tesque.
Et puis l'histoire se poursuit, le couteau redéfinissant le cadre de votre habitacle humain. Votre corps n'est plus qu'une tête, votre cerveau coulerait presque par les oreilles tellement que "Grave" vous le fait fondre lors de séquences qui pourraient bien devenir cultes, tellement qu'elles ont réussies à en effrayer plus d'un (et on sait à quel point il est bien difficile de produire un tel miracle à notre époque).
Mais non, gardez-le bien votre cerveau, empêchez-le de fondre, plaquez donc vos mains contre vos oreilles, mais pas trop, car il faut que vous entendiez ces magnifiques extraits musicaux, electro pur, et qui vont si bien avec le sujet (et même si vous détestez ce genre musical).
Bon, si il faut donner quelques petits défauts au film, c'est qu'il se laisse un peu trop tremper dans une même direction, qu'il ne va peut-être pas assez loin dans un genre, ce qui est assez navrant vu que l'auteure a prouvée qu'elle pouvait offrir quelque chose de vraiment réussi dans ce genre en particulier.
C'est une véritable bouffée d'air frais, libre et souciante de la différence qu'elle expose à ses spectateurs, les angoissant littéralement en réinventant le genre tout en y reprenant certaines caractéristiques de son style "ancien" (au genre).
Du cinéma grandiose qui, si il ennuie parfois de par cette démesure peut-être trop appuyée de détails stylistiques, prouve que Julia Ducournau est une réalisatrice à suivre de très près, avec ce casting rempli d'acteurs talentueux. À voir dès sa sortie, dans une salle pleine, pour en ressentir doublement plus les frissons!