L'expérience sensorielle au cinéma par Alfonso Cuarón !
Cela fait maintenant quelques années que la 3D s'est installée dans nos cinémas et dans nos salons. Bien que son utilisation soit un tant soit peu abusive avec des films qui n’en avaient pas forcément besoin et dont on se serait bien passé. Pour d'autres, elle est plutôt bonne et contribue à l'immersion tout en ajoutant quelques effets sympas (particulièrement sur les films d'animation). Mais il y a encore une autre catégorie, celle très fermée des films dont l'emploi de cette technologie sonne comme une évidence et pour laquelle la 3D est même quasiment indispensable. C'est dans celle-ci que l'on va ranger Gravity, le nouveau film d'Alfonso CUARON, réalisateur du déjà excellent Les Fils de l'homme, qui peut dorénavant se vanter d'avoir offert aux spectateurs, la meilleure expérience 3D jamais vue au cinéma depuis Avatar et surement l'une des meilleures expériences ciné tout court.
Car à moins d'être totalement indifférent au cinéma ou de ne pas avoir regardé les infos dernièrement, il vous est impossible de ne pas avoir entendu parler de Gravity. Critiques presses et publiques quasi-unanimes, début de carton au box-office, criaient au chef-d'œuvre un peu partout et il fut surtout décrit comme le meilleur film sur l'espace par James CAMERON lui même. Le film suscite un tel engouement qu'on se rend au cinéma avec une certaine crainte, celle d'être déçu. Alors est-ce que le film déçoit ? Non pas du tout. Est-ce que l'on peut parler d'un chef-d'œuvre ? D'un point de vue technique et esthétique, oui et de loin, d'un point de vue globale, pas vraiment, du moins, pas pour ma part.
Plus un survival (au coté réaliste) dans l'espace qu'une véritable œuvre de science fiction, Gravity est avant tout un film sur la vie et plus particulièrement sur la renaissance : l'humain face à la mort et ce qui le pousse à survivre. Des thématiques soulevées par un scénario efficace, presque improbable par moments. Celui-ci se base sur le syndrome de Kessler où des déchets spatiaux viennent heurter des objets en orbite (comme ici un satellite), ce qui provoque des débris et donc encore plus de déchets. Partant de ce postulat, le film va nous raconter comment deux astronautes (BULLOCK et CLOONEY impeccables) vont survivre dans l'espace après que leur navette se soit fait pulvériser par ces fameux débris.
Cela commence déjà très fort avec un plan-séquence sublime dont seul CUARON a le secret (remember celui de Les Fils de l'homme). Plus de quinze minutes environ où la caméra vient flotter littéralement autour de la navette ainsi que nos personnages, donnant l'impression que celle-ci est en apesanteur. Car visuellement, Gravity en met plein la vue ! Jamais l'espace n'aura été aussi beau au cinéma. Des images de la Terre qui paraissent tellement réelles qu'à aucun moment on ne se dit qu'il s'agit d’un fond vert. On pourrait presque penser que le film a réellement été tourné dans l'espace.
Et tout cela, vient surtout de la virtuosité de la mise en scène de CUARON qui nous offre un degré d'immersion absolu. On ne regarde pas un film, on le vit et on le subit en même temps que nos personnages grâce aux nombreux plans en vue subjective et une 3D plus qu'immersive. Plusieurs fois j'ai eu l'impression de prendre des objets au visage jusqu'à en cligner des yeux voire même écarter la tête. Surtout que les scènes sont longues et s'enchaînent avec une telle fluidité que l'on remarque à peine les coupures entres elles. Chaque séquence dite d'action est impressionnante de réalisme. Et Steven Price sait comment les rendre plus intenses et compose une bande originale forte et pesante amplifiant l'ampleur des catastrophes qui tombent sur nos astronautes.
En bref, si après tout ça vous n'avez pas compris que Gravity est une expérience sensorielle à vivre au cinéma et surtout en 3D, je ne peux rien faire pour vous. Car, malgré le manque de surprise et d'enjeu émotionnel, on vit quand même physiquement le film. On reste surtout subjugué par la beauté visuelle et par toute la dimension humaine que CUARON apporte à son œuvre. Presque cinq ans de travail pour finalement marquer le cinéma à tout jamais avec seulement une heure trente de film ... Félicitation Alfonso !
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