Je ne saurais qualifier ce film avec un adjectif classique. Disons, dans un registre plus poétique et métaphorique, que si chaque film donnait naissance à une étoile, "Gravity" serait une planète.
Cette description que j'accorde à "Gravity" représente tout le ressenti dont j'ai été l'objet durant la séance. 1h30 de magie stellaire, de la première seconde au plan final. Cuaron sublime tous les thèmes qu'il aborde, et même tous les genres. Car "Gravity", jamais prétentieux, ne tente pas de laisser les genres en question de côté pour tenter l'impossible. Et pourtant. Quels genres ? Celui de la renaissance d'un personnage torturé après la mort d'un proche qui trouvera dans l'aventure la plus dangereuse son espoir. Il y a aussi dans "Gravity" les codes du thriller réinventés à chaque instant. Il y a la perfection esthétique omniprésente de son auteur. Et il y a le jeu, mille fois plus profond qu'il puisse paraître au premier abord. C'est dans une combinaison lourde que Clooney éclate de charisme, tandis que Sandra Bullock livre une performance d'une subtilité magistrale. Subtilité magistrale. Voilà bien le mot qui convient le mieux à cette épopée. La subtilité magistrale d'une assimilation des codes hollywoodiens spectaculaire à ceux des meilleurs mélos intimistes. La subtilité magistrale d'une technique transcendée par ses personnages. La subtilité magistrale d'une immersion totale. C'est répétitif, oui. Mais quand un film procure autant de plaisir, de frissons, propose dés son ouverture 1001 émotions, le mal serait de ne pas en parler. "Gravity" nous émerge dans la mise en image des arts du silence, de la renaissance, de la dynamique des corps. Et la 3D, ce fardeau, devient alors le véhicule des plus grandes sensations qu'un film puisse procurer. Plans larges, d'ensemble, rapprochés, la caméra est le troisième personnage du film. Celui qui, témoin de tout, tente l'approche la plus belle d'un être humain dans la phase terminale de sa vie. Mais non. Le chemin est encore long. Et c'est extraordinaire.
Dire que j'ai retrouvé dans le film de Alfonso Cuaron tout ce que j'aime dans le cinéma, de sa contemplation totale à l'action pure et à la montée en puissance d'une musique extraordinaire, est un euphémisme. Et à n'en pas douter, ce plan de Sandra Bullock en lévitation reprenant sa forme d'enfant dans le ventre de sa mère au milieu de tuyaux d'appareil spatial, est le plus merveilleux que je pense n'avoir jamais vu. Renaissance d'un personnage. Renaissance d'une actrice. Renaissance d'un acteur. Renaissance d'un certain cinéma.

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le 25 oct. 2013

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Marty Lost'evon

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