Gravity, hors de gravité.

J'étais réellement sceptique en appuyant sur le bouton play. La science fiction, très peu pour moi ou alors à petite dose. Quant à Georges Clooney et Sandra Bullock, ils ne m'enthousiasmaient pas non plus. Et pourtant... Ma surprise fut grande.

Un film de science fiction, qui, contrairement aux apparences, est d'une beauté inimaginable. (Soit dit en passant, quelle fut ma bétise de le manquer au cinéma). Les émotions affluent en nous et ce quelque soit la séquence tournée. Sandra Bullock m'a particulièrement soufflée, je ne m'attendais pas à une telle prestation de sa part. Elle a, dans ce film, ce côté vrai que peu d'acteurs arrivent à retranscrire à l'écran. Tout le long du film, nous ne quittons pas ce personnage. Nous parvenons à ressentir ce qu'elle ressent. Nous devenons elle. L'un des plans est d'ailleurs particulièrement marquant, lorsque nous entrons dans son casque, voyant à travers ses yeux et entendant sa respiration paniquée, haletante.

Le film commence d'ailleurs sur le chapeau des roues, une navette détruite, et les deux seuls survivants, Ryan et Matt. Le réalisateur parvient à nous montrer à quel point l'espace est bruyant et retranscrit une impression de vie. Une vie morte. Et c'est dans cet espace que Ryan évolue, aspirant à la survie, bien que personne ne l'entende ou ne l'attende. C'est cela que j'ai aimé, cette férocité avec laquelle on s'accroche à son existence, bien qu'elle ait perdu tout sens. L'instinct, l'espace d'un instant. La scène où elle parvient à s'extirper de l'habitacle en flammes est magnifique. Elle évolue à travers les tunnels, remontant vers la vie, vers sa vie. Cet épisode est sa psychothérapie. C'est ce qui va lui permettre enfin d'avancer et de laisser le passé derrière elle. En cela, le moment où Georges Clooney lui apparaît, dans un délire hallucinatoire lorsqu'elle perd toute envie de se battre, est déterminant.

La fin arrive vite, trop vite peut être. Plus aucun obstacle ne s'oppose à elle. La descente vers la terre, à une vitesse ahurissante, est particulièrement belle. Une pluie de météorites, dont elle fait partie, et qui s'approche à toute berzingue de l'atmosphère. C'est grisant. Cette sensation que l'on a lors de la descente d'une montagne russe, hors du temps. Son arrivée et son retour sur terre sont peut être ce qu'il y a de plus décevant. On a presque l'impression d'être dans ces films sur le premier (ou le dernier) représentant de la race humaine sur terre. Ces clichés fatiguants, sur l'histoire de l'origine du monde, à la Adam et Eve. Peut-être aurait-il mieux valu qu'elle reste dans l'espace, à jamais.