Green Book. Un véritable "road feel good movie". Jamais moralisateur, ce plaidoyer à la tolérance est bourré d'humour et d'émotion, un film simple et touchant porté par deux acteurs touché par la grâce. Viggo Mortensen en rital mal dégrossi accumule les joutes verbales avec le gracieux Mahershala Ali, musicien prisonnier d'un système pervers, celui du racisme ordinaire et du show-bizz intello.
Peter Farelly trompe son monde en permanence et pousse le spectateur à jamais tirer de conclusion hâtive. Sa mise en scène, classique et élégante se met au service d'une histoire profondément humaniste. C'est avec un humour bon enfant, souvent désarmant de justesse, que le metteur en scène spécialiste des comédies potaches nous transporte sans cette Amérique sixties, ces terres du sud hostile aux Noirs, hostile et renfermée sur elle-même. Les préjugées deviennent parfois réalités tout comme les idées préconçues ont la vie dure.
Green Book est-il "oscarisable"? On a beaucoup entendu parlé de la performance de Mahershala Ali et cela à juste titre. Mais que serait sa partition sans l'extraordinaire présence de son compère danois, Viggo Mortensen, ahurissant de burlesque, de naïveté et de spontanéité. La musique prends aussi une place prépondérante le film et elle pourrait-être aussi récompensée par une statuette. Scénario original? Pourquoi pas. Quand aux deux récompenses suprêmes, elle risque de filer leur filer entre les doigts, la faute à un rythme qui à tendance à s'étioler, quelques raccords faciles, une fin téléphonée et surtout la sensation d'un énième film sur la ségrégation souvent synonyme de route à Oscar.
Il faut voir Green Book. Pour ces deux comédiens. Pour cet humour parfois fin, souvent potache. Pour les concertos du docteur. Pour le message d'espoir. Pour passer un excellent moment. Pour apprendre sur l'autre et sur soi-même.