(Micro Critique Flash)
Sorte de Miss Daisy et son chauffeur aux rôles inversés (le fortuné noir cul serré et érudit éduque son chauffeur blanc rustre et analphabète qui, en retour, lui apprendra les plaisirs simples de la vie), Green book y ajoute pour toile de fond un road trip au coeur de l'Amérique profonde ségrégationniste des années 60.
Servi par une photographie honorable (des couleurs pastel à l'image de son affiche) et une réalisation "fonctionnelle" (elle se contente plus ou moins de raconter son histoire), le film porte décidément bien sa réputation de Feel good movie: belle leçon d'intégration et d'acceptation (du chauffeur comme du mécène), c'est une tranche de vie pleine de bonnes intentions (parfois un peu mielleuses) et au message sincère, celle-ci évitant de réellement tomber dans le pathos et le pompeux pour nous extorquer une larme. Mon plus gros "reproche" (c'est un grand mot) concernerait finalement le personnage de Viggo Mortensen (attention, pas sa prestation, il est excellent dans le film, tout comme Mahershala Ali) que je trouve un peu TROP ouvert à TOUT, une sorte d'anachronisme, un individu de notre époque qui aurait utilisé une machine à voyager dans le temps pour revenir dans les années 60...
Il va même parfois remettre le film dans le droit chemin façon Code Quantum quand celui-ci est à deux doigts de déraper dans le drame... Ça ne m'aurait pas étonné de voir une porte holographique s'ouvrir plusieurs fois au cours de l'histoire.
Ça n'est pas non plus mal fait, mais disons que cela aurait pu être un tout petit peu plus subtil, ça a failli coûter un point sur ma note.
Malgré tout, c'est le début de l'année, alors on part sur la note haute, rien ne m'empêche de la niveler plus tard par le bas si la compétition 2019 est rude!
PS: Embrasse les enfants
PPS:J'ai vu le film en VF, mais comme souligné dans ma critique des Soprano, je pense que quelque chose se perd encore une fois un peu dans le doublage de Green Book: le niveau d'éducation des personnages. Il y a bien des scènes qui permettent de saisir, même en VF, que Mortensen n'est pas du tout quelqu'un d'instruit,
(via des mots "compliqués" [selon lui] qu'il écorche ou ne comprend pas et, évidemment, les lettres qu'il écrit à sa femme)
mais en VO, étant donné qu'on doit probablement l'entendre constamment faire des fautes de grammaire et baragouiner un anglais de rue approximatif avec un accent à couper le beurre, ces passages doivent être bien moins flagrants, plus homogènes avec le reste.
En VF, on a un peu un effet de personnage qui parle un français relativement convenable, et d'un coup, qui va te sortir une énormité de grammaire ou de conjugaison parce que dans la scène, son acolyte sur la banquette arrière va devoir le reprendre.
Donc si vous n'êtes pas allergiques à la VOST, pour le coup, Green book est un film qui, je pense, gagne à être vu en anglais!