En cinéma comme dans tout, il y a des années avec et des années sans. 2019 s'avère une année exceptionnelle. Malgré une rude concurrence faite de mastodontes tels que Bong Joon-ho (Parasites), Xavier Dolan (Mathias et Maxime) ou encore Kore-Eda (La Vérité), Green Book a su tracer sa route et finit par remporter l'Oscar 2019 du meilleur film. Fidèle à son image, le jury des Oscars récompense donc par là un film divertissant et beau qui manque toutefois de profondeur et d'inventivité. Porté par un scénario de qualité, Green Book s'inspire d'une histoire vraie pour nous livrer un drame social dans l'Amérique ségrégationniste des années 1960. Pour son premier long-métrage dramatique, Peter Farrelly, populaire dans la comédie potache (Mary à tout prix, Dumb and Dumber), a su mettre à profit et doser intelligemment son sens de l'humour. Il nous livre ainsi une touchante histoire d'amitié (qui semble-t-il est assez fantasmée) entre un chauffeur bourru italien Tony Lip engagé par un pianiste prodigieux noir, Dr Don Shirley, pour sa tournée dans les terres du Sud des USA. Bien que la réalité des prétendus liens d'amitié entre les 2 protagonistes soient contestés par les héritiers de Dr Don Shirley, il n'en reste pas moins vrai que les deux hommes ont bien collaboré ensemble au cours de ce dangereux périple dans les états les plus racistes de l'Amérique. C'est bien l'humour reposant sur le manque d'éducation de Tony que l'on oppose au ridicule de l'excès des manières du Dr Don Shirley qui guide ce récit. La drôlerie en fil d'ariane de l'intrigue accompagne et pimente ce trajet pittoresque au coeur de la bêtise humaine. Voyage initiatique, ce road-trip sera également l'occasion pour chacun de s'enrichir au contact de l'autre. On découvre ainsi un Tony Lip de moins en moins raciste et de plus en plus sensible aux bonnes manières et à la culture tandis que Dr Don Shirley s'adoucit et s'humanise au contact de l'italien. Les interludes musicaux viennent ajouter du chic au film qui pourrait vite tomber dans la pochade. La représentation des humiliations quotidiennes d'un homme noir durant cette époque donne, grâce à sa sobriété, de la puissance au message anti-discriminatoire. Le sentiment d'injustice criant vibre pour atteindre tout naturellement son apogée en fin de film. Maîtrisé de bout en bout, Green Book capitalise sur le talent de ces deux acteurs principaux (Viggo Mortensen dans le rôle de Tony Lip et Mahershala Ali dans le rôle de Dr Don Shirley) et sur la force de l'histoire originelle pour nous offrir un film social engagé réussi. Représentatif d'une forme de bienveillance caractéristique des films sociaux américains et porteur des valeurs du "vivre-ensemble", Green book est un feel-good movie séduisant sur fonds de dénonciation du racisme anti-noir. Drôle et sensible, le film idéal pour éveiller les consciences des adolescents d'aujourd'hui !