Après plusieurs courts-métrages, l'acteur Artus de Penguern se lançait dans le long avec un titre prémonitoire. En effet, Grégoire Moulin contre l'humanité a totalement bidé face à Princesse malgré elle (Garry Marshall, 2001) et surtout AI (Steven Spielberg). Un film qui n'est curieusement pas devenu culte, n'alimentant pas la TNT de multiples rediffusions et sombrant un peu dans l'oubli. Mais un film avec un titre pareil ne s'oublie pas.
Comme il l'a confirmé avec La clinique de l'amour (2012), De Penguern faisait dans la comédie absurde et imprévisible, capable des rebondissements les plus génialement improbables. Un film qui commence mal dès le départ pour son personnage éponyme (De Penguern), véritable poissard en puissance, cumulant les malchances à un point spectaculaire.
Défilent devant nous une flopée de personnages à cran, du chauffeur de taxi qui a fait l'armée (Serge Riaboukine) au couple amateur d'échangisme (Didier Bénureau et Marie-Armelle Deguy), en passant par des supporteurs belges et parisiens. Car De Penguern a le génie de situer sa sorte d'After hours un soir de match de football. Ce qui veut dire rues de Paris plus ou moins désertes et réactions explosives. Le réalisateur s'amuse de l'ambiance, montrant progressivement les mines déconfites des supporters du bar où se trouve Pascale Arbillot ou l'énervement du collègue de Grégoire joué par Antoine Duléry.
Le pauvre Grégoire se retrouve au milieu de tout cela dans une folie furieuse ininterrompue. Quand on pense que la mauvaise passe va se terminer, une autre casserole se rajoute et ainsi de suite, le spectateur ne cessant jamais de se fendre la poire. Grégoire Moulin contre l'humanité est un film absurde jusque dans son dernier acte, De Penguern jouant parfaitement avec la malchance de son héros, quitte à partir dans le sordide. Puis évidemment il n'y a que dans un film d'Artus de Penguern que vous verrez un chien conduire, avec son maître qui tire au fusil depuis le toit de la voiture.