Joe Dante est un artisan de génie, à qui l'on devait déjà le premier volet qui attaquait sévèrement tous les poncifs du rêve américain, et la sacro-sainte fête de Noël. Gremlins 2: The New Batch est une relecture assez passionnante du film de monstre, qui joue constamment de l'excès de ses propres références pour mieux faire fonctionner sa mécanique de l'humour visuelle, et dans les dialogues. Guizmo est bloqué comme un Bruce Willis dans Piège de cristal, alors que les autres diablotins se jouent Frankenstein à prendre relève d'un Dracula (Christopher Lee) sacrément peu malin. Pourtant, Dante ne se contente pas de reproduire exactement le même propos que le précédent opus.
The New Batch permet de critiquer à nouveau la fainéantise américaine, à l'ère du consumérisme urbain, mais surtout littéralement "transformée" par les écrans ! Le jeune garçon est observé par des caméras, qui n'est pas sans rappeler le grand thème orwellien de l'exploitation au sein du milieu de travail, et de la communauté. On en vient ainsi à regretter les prémices du petit cauchemar de Noël, un peu plus doux et chaleureux. Surprise sur le gâteau, Joe Dante tente à la manière d'un futur Mars Attacks (6 ans plus tard), le parallèle humain-monstre, à l'occasion de l'hilarant passage chanté du New York New York made in Gremlins. Guizmo est toujours la victime, mais il ne paraît jamais vraiment autant libéré et épris de passion que le sont ses confrères. Comme quoi, que sont ces monstres souhaitant évoluer et tenter les expériences si ce ne sont pas les humains, avides du pêché et des coquetteries les plus originales.
Les péripéties rejoignent la majorité des récits de Joe Dante, se multipliant pour servir le grand sujet, restant l'abrutissement profond d'une humanité qui n'est pas absolument pas prête à grandir. La consommation est freinée à la fin du film, mais la musique de Goldsmith ainsi que la mariée gremlinsienne se chargent de clôturer le faux happy ending. Le retour à la civilisation normale peut se faire, mais on le sait et les humains le savent au fond d'eux-mêmes, ils n'évolueront décidément jamais...