Parfois, lors d'une sortie au cinéma, on apprend de drôles de choses. Par exemple que le lavement aux asperges, c'est formidable car son utilité première est doublée, selon la jolie Maika Monroe, d'un sacré boost pour l'intelligence...
Au point qu'un dyslexique serait capable, après ce traitement radical, de réciter l'alphabet à l'envers...
Dommage simplement que Greta ne suive pas le bon conseil qu'il donne à son spectateur d'entrée de jeu.
Alors oui, je vais le redire, il y a la jolie Maika Monroe. Oui, il y a Isabelle Huppert qui, visiblement, s'amuse comme une folle à surjouer et à se raidir, comme dans Elle. Et pris séparément, certains ingrédients plutôt goûtus feront sans doute illusion.
Sauf que Neil Jordan n'est malheureusement jamais capable de hisser Greta au delà du thriller domestique pour mémés shampooing : voilà sans doute le drame du film.
Parce que, bon Dieu, quelques scènes valent le coup d'être vues, tout comme la poésie urbaine de A Vif traverse de manière fugace l'écran. Tout comme un cauchemar qui prend par surprise, après avoir un peu manipulé l'auditoire.
Et il y aussi ce motif de l'attraction féminine, des failles réciproques qui se comblent et se complètent, comme le dessinait le réalisateur avec toute sa grâce vampirique dans Byzantium. Mais ici, Neil Jordan semble comme paralysé, incapable de cacher ou de sublimer les tares d'un script partant d'un bon sentiment mais qui ne referme jamais les portes de sa logique interne histoire de prendre aux tripes le spectateur, afin qu'il ne se pose pas de questions sur certaines réactions de son héroïne ou la vraisemblance de l'ensemble.
Ainsi, la suspension d'incrédulité nécessaire sera plus d'une fois mise à mal, tandis que le script perfectible s'effiloche et que les grosses ficelles sont de plus en plus voyantes. Mais l'on s'étonne cependant, de manière curieuse, à ne jamais détester Greta, pourtant perclus de défauts parfois gênants.
Tout cela parce que Isabelle Huppert irradie l'écran et que sa prestation dérangée tient plutôt bien la distance, tour à tour sympathique, tragique, pathétique, inquiétante et excessive. Elle n'évitera cependant pas, par instants, le grand guignol, mais n'est ce pas là la nature même de son personnage ?
Et que la structure en boucle du film est plutôt bienvenue, même si on la voit arriver à des kilomètres. Alors que Jordan filme d'une manière plutôt solide et élégante...
... Sans cependant sauver totalement Greta de ses travers ni de ses trous d'air scénaristiques d'une faiblesse désarmante. Au point d'envisager les asperges sous un autre angle dorénavant.
Behind_the_Mask, qui a malle au fondement.