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Dispersée de la société et isolée dans cette grande maison affaiblissante dont l’entretien a été délaissé, la cousine et la tante de Jackie Kennedy n'ont pas eu la vie facile dans les années 70. Edith Bouvier-Beale et sa mère, depuis la mort de leur père, sont en déchéance financière, morale, mentale et sociale depuis. Les chats sauvages et les ratons laveurs ont pris contrôle de la demeure et en ont fait leur maison à eux aussi. Tout ce qui leur restent, c’est leur excentricité, leur culture, la mode, leur entêtement; ces éléments-là continuent de donner vie à cette maison malgré sa décrépitude. L’entité même de leur demeure devient un reflet exact de leur personnalité. Un désordre chaotique visuelle qui n’a cessé de distribuer des parcelles de somptuosité pour se rappeler de sa beauté d’autrefois, maintenant déchu. La ville, et Jackie Kennedy en personne, voulait même expulser les deux femmes et raser la maison pour ne plus la revoir vu son état délabré, la moisissure partout et les animaux qui ont pris le contrôle. La vieillesse et la maladie aussi entre en jeu. La mère mourra d’une pneumonie deux ans après le tournage, et Little Edie avait une alopécie. Rien de glorieux, jusqu’à ce que le documentaire existent.


On y voit des confidences, des chicanes mère-fille, comme si l’urgence d’exister et de se valoriser devant l’écran devenait une importance capitale pour les Beales, et c’est justement le cas ici. Ma première impression n’était pas concluante, me demandant pourquoi je regardais deux femmes se confier autant. Je les trouvais même un peu folle à cause de leur extravagance, pardonnez-moi du terme. Mais tout ce qui n’est pas raconté dans le documentaire, mais plutôt en dehors du documentaire, c’est-à-dire les Backstory qui entourent Grey Gardens, est essentielle pour comprendre leurs vécus. Cela enrichit la profondeur du film, tout en nous éclairant sur leurs histoires. Elles ont rêvé de grandiose toutes leurs vies, Edith Ewing Bouvier Beale a toujours rêvée d’être une grande chanteuse, mais elle est plus restée chanteuse amateur. Pour Edith Bouvier Beale, sa fille, elle a travaillé comme mannequin, danseuse et actrice, mais sans véritable succès non plus. Le documentaire leur a offert une forme de reconnaissance posthume, bien que cette célébrité soit ambivalente. Leurs rêves artistiques avortés, loin de les anéantir, semblent s'être transformés en une performance quotidienne, où l'écran devient leur ultime scène. Le film a gagné un statut de culte. Maintenant, il est facilement trouvable sur youtube. Une découverte cinématographique pertinente, une éloge de la vie dans l’adversité, là où 2 femmes qui ont durement chercher l’attention des autres, ont enfin pu dire qu’elles ont au moins briller une fois, l’instance d’une heure et demie.

Créée

le 5 déc. 2024

Critique lue 3 fois

Lucifer Sam

Écrit par

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