Tout part d'une anecdote. Un jour, Gérard Jugnot s'aperçoit que quelqu'un usurpe son identité. Ce dernier est un sosie qui utilise la notoriété de Pinot simple flic pour faire diverses animations à droite et à gauche. Une affaire passée devant les tribunaux qui intéresse grandement son ami Michel Blanc qui y voit le sujet de sa seconde réalisation, la première depuis Marche à l'ombre (1984). Avec Bertrand Blier, puis Josiane Balasko et Jacques Audiard, Blanc s'attelle à un scénario où il se met en scène face à un sosie.
Sauf que contrairement à son pote du Splendid, le sosie de Blanc est un personnage néfaste, utilisant le nom de son homonyme physique pour agresser sexuellement diverses personnalités, de Balasko à Charlotte Gainsbourg, en passant par Matilda May. Sans compter le bordel qu'il génère partout où il passe. Le réalisateur joue au départ sur le mystère, montrant un Michel Blanc complexé et intimidé, puis déviant, permettant dans un premier temps de brouiller les pistes jusqu'au moment où l'on voit le pot aux roses.
Une enquête délirante se développe en compagnie de la "vraie" Carole Bouquet. Souvent considérée comme une personnalité froide auparavant, l'actrice se voit offrir un pur rôle de comédie et semble clairement s'éclater. Connaissant Blanc depuis plusieurs années, l'actrice a une complicité évidente avec lui à l'écran malgré des rôles très différents (lui au bord de la dérive et paniqué, elle énergique et pugnace y compris dans un final explosif). Puis là encore, le scénario prend une autre tournure en cours de route pour aller dans une direction surprenante qu'on évitera de trop évoquer.
Blanc s'amuse comme un petit fou avec la mise en abyme, sa propre personnalité et ses amis. La scène où la bande du Splendid ne le reconnaît pas tient ainsi de l'incroyable, d'autant qu'il ne parvient pas à se justifier. Le spectateur connaissant l'injustice ne peut que se rallier au pauvre Michel dans son désespoir à partir de là. Se rajoute alors Philippe Noiret dans une dernière partie toujours plus cocasse avec un des réalisateurs vivants poil à gratter par excellence (mais là aussi, on va laisser la surprise).
Si le film a parfois quelques longueurs, il n'en reste pas moins une comédie acide sur l'envers du décor, y compris sur les gens trop ressemblant de personnalités au point que cela en devient un poids. Et de fomenter une vengeance redoutable. Méfiez vous du sosie qui dort.