Énième folie gore japonaise, Grotesque a réussi à cultiver une petite notoriété, aimanter et satisfaire quelques aventuriers féroces. Le film ne vole pas haut en terme de scénario et de recherche artistique, mais fait son office. Il se distingue cependant par son excentricité et un certain culot. Pendant à peine 1h15, un couple est mis à l’épreuve par un sosie placide de Takeshi Kitano. Au lieu de les tuer directement, il va les utiliser et les torturer. Une farce très généreuse se met en place ; et une parodie très trash, pas très engageante a-priori et arrivant finalement à surprendre.
Entre la caricature et l’exploitation pure, Grotesque va d’abord verser dans l’érotisant voir le porno (via des attouchements du tueur sur la fille). C’est que Takeshi bis (Shigeo Ôsako) fait jouir contre leur volonté ses petites proies, avant de passer aux affaires barbaques. Et là c’est plus que gore, pendant un petit moment c’est même le nouveau Guinea Pig 2, ou un genre d’August Underground décontracté. Pompe à tripes, clouage de testicules et coupage de tétons sont au menus. Passés ces exploits, le tueur perd subitement son self-control et s’exclame « J’ai une érection !!! ».
Il décide alors d’accorder la vie sauve à ces deux merveilleux jeunes gens. Les réactions incohérentes des personnages et en particulier de la fille (le mec étant très secondaire) interpellaient déjà : trop de résistance, des voix claires, mais des acteurs très bons dans leurs rôles sinon. Maintenant les deux victimes devenues patients échangent sereinement, sans manifester la moindre douleur. Ces échanges WTF² se déroulent dans une belle chambre immaculée où chacun a son petit lit. Ça devient peut-être un peu trop surréaliste. C’est grotesque. Et c’est le torture porn raillé avec un cynisme complet ; et snobé avec panache puisque Kôji Shiraishi (Noroi, Occult) ne souffre d’aucune inhibition.
Cette bouffonnerie fait ricaner à l’usure et arrive à divertir. Le monologue final où la fille taille un portrait humiliant du tueur est excellent et s’ajoute à des performances sauvages (paye ton nouveau cordon ombilical), burlesques mais légères. Grotesque est un film radicalement trash, très grossier et minimaliste, mais il est presque pédant. Voilà un film de boucher discrètement rigolard et jouant la finesse, pas plus cheap qu’un Black Sheep. C’est malin, proche de l’OCNI tout en restant un torture porn limpide, assez inutile et à déconseiller en général.
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