Kôji Shiraishi, réalisateur Japonais déjanté qui s'était déjà illustré dans l'extrême avec Noroi et Carved, revient avec un produit résolument ancré dans le torture-porn, mais avec un léger contre-pied. Hostel, Saw, Motel et autres ont toujours usé de la même mécanique qui consiste à essayer d'instaurer une tension par le biais de ces tortures. Ça marchait peu ou pas du tout, et Grotesque prend un sens inverse. Son but n'est pas de partager le dégoût ou la peur, mais tout simplement l'humour. L'humour de cette idylle de ce jeune couple qui se forme au milieu de la torture, celle de ce toubib barge qui a perdu sa libido, et évidemment, le grotesque de sa mise en scène absurde. Tout y passe, doigts qui ressemblent à des chipolatas, hectolitres de sang, bruits exagérés et hors de propos, on nage en plein n'importe quoi.
Shiraishi n'est pas con, sa farce prend peu à peu, mais atteint ses limites très rapidement, c'est donc en tout logique qu'il ne prolonge pas l'essai et conclut le tout avec une scène finale littéralement à hurler de rire.
Bref, Grotesque n'est ni plus ni moins qu'une comédie horrifique pour adultes, à prendre évidemment à un énième degré, et de surcroît est une parodie du genre, visant à démontrer à quel point celui-ci est grotesque. Néanmoins, tout n'est pas parfait, car si Shiraishi avait trouvé une base amusante, elle reste néanmoins étalée, un peu comme une blague racontée par un bègue, et l'on finit par avoir l'impression que le tout était un court-métrage qui a été allongé pour être commercialisé.
Un peu plus de travail aurait été donc nécessaire au niveau de l'écriture, et pour la technique, tout dépend comment on prend les choses. C'est filmé avec les pieds, les éclairages sont quasiment tous ratés, les effets gores font dans le grand guignol, et quant au jeu des acteurs, il incarne presque à lui tout seul le titre du film.
Pour conclure, les amateurs de torture-porn vont en avoir pour leur argent, le film faisant table rase de tout ce qui a pu être vu et revu. Les habitués du cinéma d'horreur nippon façon Tokyo Gore Police y retrouveront la part de malsain qu'ils aiment, bien qu'il soit regrettable que le tout ne se lâche vraiment que dans ses dernières minutes. Et quant à ceux habitués à de l'horreur plus contemporaine et ciblée grand-public, ils risquent de ne rien y comprendre et finalement regarder Scream 4.
Mention spéciale pour la scène finale, qui vaut à elle seule le coup d'œil tellement on se marre. On en aurait aimé plus dans le même esprit.