Le documentaire (59 mn) est intéressant ; d’une part, il rappelle une lutte un peu oubliée, celle des paludiers de Guérande (Loire-Atlantique) dont une partie du marais devait être amputée (20 œillets) pour construire une rocade de contournement de La Baule (à cause du fort trafic routier estival), à l’initiative de son maire, Olivier Guichard (de 1971 à 1995), également ministre de l’aménagement du territoire (1972-1974) sous la présidence de Georges Pompidou, moins médiatisée que celle du Larzac (contre l’extension d’un camp militaire, projet du ministre de la défense, Michel Debré, qui dura de 1971 à 1981 et qui fut abandonné sur décision du président François Mitterrand) et d’autre part, en faisant intervenir, de nos jours, les personnes actives alors (grâce à des images d’archives), telles Charles Perraud, étudiant en sociologie à Nantes et qui deviendra paludier en 1973 et Alain, le fil conducteur étant l’importance de l’action collective. En 1971, le marais allait mal et les paludiers, qui avaient honte de leur métier, ne pouvaient pas en vivre, le marais servant même de décharge (carcasses de voitures !). Les élus baulois voulaient sa disparition car le sel était moins utilisé en raison du large équipement des foyers en réfrigérateurs et du lobbying des Salins du Midi (2e acteur européen, groupe fondé en 1856 à Aigues-Mortes et qui avait racheté en 1960 la société salinière de l’Ouest). Leur lutte, une Zone à Défendre (Z.A.D.) avant l’heure, a réussi, grâce à la venue de gens de l’extérieur. Finalement, le projet a été refusé par les communes des alentours (sauf deux dont la Baule). Les paludiers ont fondé une coopérative, avec un stock de sécurité de 3 ans et une vente directe (au lieu de passer par les Salins du Midi qui prenaient leur commission), sans que le prix de vente du sel ne bouge. La nouvelle génération est moins militante et reste confrontée au risque de montée du niveau de la mer.