Sergueï Bondartchouk poursuit son ambitieuse adaptation de Guerre et Paix, et cette troisième partie plonge pleinement dans le chaos de la bataille, offrant des visions grandioses du conflit napoléonien.
Visuellement, le film impressionne toujours autant. Les scènes de guerre sont d’une ampleur rare, notamment grâce à l’utilisation d’un nombre colossal de figurants et de vastes décors qui donnent une véritable dimension épique aux affrontements. Toutefois, l’illusion est parfois brisée par des effets peu convaincants : les tirs d’armes à feu manquent de réalisme et les morts de soldats paraissent souvent artificielles. Ces maladresses n’entament pas totalement la puissance évocatrice du film, notamment à travers certaines images marquantes, comme Napoléon assis, le pied posé sur un tambour, ou encore Koutouzov avançant solennellement vers la croix sous les chants religieux. Ce dernier personnage symbolise le poids du pouvoir et le ridicule des stratégies de guerre, renforçant l’aspect métaphorique du récit.
Toutefois, certaines libertés narratives interrogent, notamment la manière dont Pierre Bezukhov traverse le champ de bataille sans être réellement inquiété, malgré les obus tombant à quelques mètres de lui. Cela tranche avec le réalisme recherché dans d’autres séquences.
Malgré quelques faiblesses, cette fresque historique reste impressionnante, portée par des scènes d’anthologie et une mise en scène qui capte la démesure de la guerre.