Alors s’il y en a un, du fond de son sépulcre, qui a du bien se marrer en voyant le film, c’est Alexis de Tocqueville. Pourtant peu enclin à la légèreté, notre brillant politologue ne pourrait rester insensible à une si brillante et désopilante leçon de chose publique!
Steve Guibord député fédéral Québécois défend depuis quelques années et avec conviction le territoire de la ville de Rapides aux Outardes (rien que le nom est à tomber !). Entre les autochtones et les « libéraux », son épouse très first lady et sa fille altermondialiste, il essaie de trouver le juste équilibre pour que les choses avancent dans le bon sens. Un peu à son insu, il se voit contraint d’accueillir Souverain Pascal, un jeune stagiaire haïtien, au moment même où son devenir politique va se radicaliser.
Dire que le scénario de Philippe Falardeau est éloquent, serait le mésestimer. En abordant la critique sociétale et politique du pays (la vision dépasse le seul cadre du Canada, elle est universelle) sous la forme d’une farce, il en devient inattaquable. Le surjeu de scènes des acteurs, les débordements verbaux, les situations picaresques n’ont comme unique but que de pointer un système démocratique en souffrance. En ajoutant à cela le point de vue de Souverain (« le sud qui observe le nord ») Falardeau engendre une dimension résolument moderne à la démonstration, tout en réussissant le pari de n’être jamais désinvolte. En effet, même si la portée est moindre que dans les ouvrages de Tocqueville, Sieyès, Rousseau ou encore Thomas More, « Guibord s’en va en guerre » apporte une vraie réflexion sur le débat démocratique, en pourfendant les trop belles intentions. C’est également un bel hommage à ces « petits » élus qui se battent dans l’ombre au quotidien pour améliorer la situation.
On y rit beaucoup, on s’émeut à une ou deux reprises, on savoure… Le rythme est endiablé, martelé par la trépidante et formidable partition de Martin Léon.
Le film aurait-il aussi bien fonctionné sans son quatuor d’acteurs, pas sur… Patrick Huard et Suzanne Clément, Clémence Dufresne-Deslières sont irrésistibles, mais c’est bel et bien Irdens Exantus qui remporte tous les suffrages, totalement néophyte, il est Souverain dans l’âme et surtout génial !
« Guibord s’en va en guerre » est incontestablement le film de l’été 2016, pétillant, intelligent, savoureux, cette comédie est un anti dépresseur contre la sinistrose mondiale actuelle !
Le site du site tout aussi intelligent => http://equipeguibord.com/accueil