Alors que le Canada doit décider s’il s’engage dans une guerre en Moyen-Orient, le jeu des alliances et des oppositions voit le sort du scrutin dépendre d’un seul député, ancienne gloire de Hockey perdu dans sa forêt et ses problèmes locaux. Tout le monde est en mesure de décider à sa place, de sa femme belliqueuse et un peu opportuniste au maire qui y voit l’opportunité de créer des emplois, en passant par sa fille qui refuse de le voir envoyer sa génération se faire tuer à l’autre bout du monde.
Un nouveau stagiaire venu d’Haïti, aussi optimiste qu’érudit, entre dans la danse et y voit l’occasion d’une « fenêtre de démocratie directe », concept auquel même le député ne comprend au départ pas grand-chose.
Et l’équipe de se lancer dans une vaste consultation locale sur la question, permettant à chacun de s’exprimer, des warriors de la paix aux indiens des réserves, des camionneurs aux mineurs, dont les revendications passent par de constants blocages des seules axes routiers que le député, phobique de l’avion, sillonne continuellement.
Guibord s’en va-t-en guerre est clairement une fable comique, qui assume avec bonhomie la simplicité de son propos : mais l’écriture habile permet de mêler de nombreux thèmes, le nœud central reliant famille, amitié, questions locales, enjeux nationaux et vision d’un « village globalisé ». Le contrepoint du personnage de Souverain, qui fait progressivement des conférences sur Skype à toute la population d’Haiti sur la situation et l’influence qu’il a sur elle est une grille de lecture du film : les spectateurs amusés, sont excités par les possibilités données à la démocratie, tout en en mesurant les rouages grippés.
Sans verser dans l’utopie improbable inhérente au feel good movie, le récit, souvent très drôle, tient à l’équilibre de ses personnages, notamment dans le caractère dépassé et incrédule de Guibord, épaulé par son improbable sidekick haïtien. Ajoutez des répliques et des situations cocasses, quelques running-gags (notamment par le passage récurrent d’un fauteuil roulant électrique) et jeu de mise en scène avec des split-screens facétieux, et vous avez là une discrète, modeste mais toute à fait stimulante comédie de l’été.
(6.5/10)