On peut difficilement passer à côté des Guinea Pig, cette saga de faux snuffs-movie qui ne cessent d'alimenter des rumeurs folles sur Internet et de diviser les spectateurs. J'ai longtemps hésité à regarder un de ces films, me disant, tout plein d'a priori, que ce devait être sans intérêt. Et puis, j'ai vu que ce second opus était réalisé par l'excellent mangaka Hideshi Hino, en plus d'être considéré comme le meilleur Guinea Pig.
Et me voilà tout naïf entrain de lancer le film. Première impression : en effet, c'est sans intérêt.


Et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir cherché. Dès le départ, le film se veut comme une reconstitution d'une cassette vidéo que le mangaka aurait reçu de la part d'un meurtrier déséquilibré. Ainsi, on évacue directement la recherche de pseudo-réalisme du premier Guinea Pig, qui jouait sur l’ambiguïté de savoir si le film était ou non un vrai snuff-movie (je vous laisse deviner la réponse...). En se posant directement comme une reconstitution, le film aurait pu développer des thématiques et ne pas être qu'une succession de séquences gores pour adolescents en mal de sensations fortes.


Sauf qu'il n'en développe aucune. Il n'y a donc pas de récit à proprement parlé, simplement un homme déguisé en samouraï découpant une jeune fille endormie membre par membre, et expliquant face caméra sa définition macabre de la "beauté". On pourrait alors se dire que le film est une expérience de la mort froide et clinique, nous faisant prendre conscience de notre matérialité, comme l'excellent "documentaire" expérimental The Act of Seeing with One's Own Eyes (Stan Brankhage). Oui et non, car si d'un côté le minimalisme du film (dans le sens où il ne s’embarrasse pas d'un récit) met en avant l'acte même de découvrir ce qui se cache derrière notre enveloppe corporelle, il est désarmé par le gore qui est ici à la limite du grotesque, à cause d'un recours à des gros plans épidermiques démonstratifs et ridicules ainsi que l'emploi de bruitages outranciers.


Dès lors, nous ne sommes ni dérangés, ni secoués, ni interrogés... Que reste t-il alors ? L'ennui. Car cette succession de scènes de découpages lourdes et filmées sans aucun talent de mise en scène ne provoque que des bâillements. La séquence la plus intéressante est peut-être celle où l'on découvre les "œuvres" du tueur, sorte de parodie d'un art contemporain où les cadavres auraient remplacés les divers objets. On retrouve ainsi un peu de ce qui fait l'univers d'Hideshi Hino et son décalage dans l'utilisation d'un gore à la fois dérangeant et absurde. Dommage qu'il se réveille si tardivement.


Finalement, il y a des fois où il aurait peut-être mieux fallut rester sur ses a priori.

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le 14 nov. 2017

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