Des jeunes filles sont kidnappées en Pologne. Mises en vente lors d’enchères sordides, elles sont ensuite tuées devant la caméra, sous le regard lubrique de riches personnalités. Mais quand c’est l’ex-femme de l’ambassadeur américain qui est emprisonnée, un duo de choc se réunit pour enquêter, sans savoir ce qu’ils vont découvrir. Le premier est un policier polonais, Marek Brzeczyszczykiewicz (à vos souhaits!), plus habitué aux galantes compagnies qu’aux morbides affaires, un homme à femmes sans le physique, mais avec l’humour et une certaine idée de l’élégance pour compenser. Abel Rothstein est un super-flic américain, l’homme de l’action, ténébreux, mais aussi juif pratiquant, ce qui n’est pas sans difficultés pour lui de venir en Pologne.
Le scénario écrit à quatre paires de mains n’est pas d’une grande originalité, il surfe sur le thème du scandale du snuff movie, ce fantasme des vidéos abjectes s’échangeant en sous-main à la bonne vieille époque de la VHS. Le film ne semble d’ailleurs pas très motivé pour lui donner un semblant de crédibilité, alors un peu d’épaisseur, encore moins. Mais il se distingue néanmoins par quelques scènes d’action maladroites mais sincères, en essayant d’y apporter un peu d’originalité, comme cette scène avec le tramway polonais ou cette variante de la roulette russe. Et surtout, en misant sur son duo dépareillé de policiers, qui bon gré mal gré, vont finir par s’entendre. Sans que leur prestation ne reste dans les mémoires, Götz Otto et Mariusz Pujszo relèvent le niveau, avec des dialogues mieux travaillés que le reste du script.
Tout dépend alors de la réception du spectateur face à ce duo, de l’attachement ressenti, car c’est bien autour d’eux que le film repose. La réalisation possède certains tics des productions Canal + de l’époque, avec un montage trop découpé, des plans qui se veulent esthétiques mais sont juste clinquants, probablement trop de coke consommé, et pas de la meilleure. Il y a trop souvent des allures de mauvais clips de l’époque, prétentieux. Les débuts sont difficiles, et il faut du temps pour s’y habituer, mais c’est toujours le premier verre de mauvaise vodka le plus difficile à avaler.
Thriller faussement glauque, comédie difficilement drôle, Gunblast Vodka patine un peu. Cette production française avec son équipe polonaise et allemande propose malgré tout un duo intéressant, qui se différencie des autres équipes telles que celles de l’Arme fatale, avec ce petit charme polonais. C’est fragile, et le film n’est pas resté dans les oubliettes pour rien, mais pourquoi pas, il peut occuper une soirée, accompagné de quelques verres bien frappés.