Cris et grognements
Gunda est un film qui invite à la rêverie. C'est un espace-temps offert pour flâner, et en cela, le documentaire devient intéressant, malgré (grâce à ?) ses longueurs et son hermétisme...
Par
le 1 sept. 2021
1 j'aime
Une truie et ses porcelets. Des poules. Des vaches. C'est un résumé exhaustif des 90 minutes de Gunda, un documentaire norvégien tourné en noir et blanc exclusivement consacré à ces animaux, sans dialogue, sans musique, sans présence humaine (un tracteur à la fin vient terminer le mouvement en enlevant la portée d'une douzaine de porcelets qui ont grandi). Des plans fixes, des lents mouvements de caméra en pleine campagne norvégienne, espagnole ou britannique : on le comprend très vite, l'intérêt sera essentiellement esthétique ici. Il y a une poule à une patte. Il y a un porcelet fébrile, perdu dans la paille, trouvé puis écrasé sans explication par sa mère. Il y a des vaches qui se mettent en binôme, tête-bêche, pour profiter chacune de la queue de sa voisine comme un balai anti-mouche. Et il y a Joaquin Phoenix en producteur exécutif. C'est à peu près tout.
Victor Kossakovsky vise clairement la fascination et la poésie autour de ces animaux qui évoluent (presque) librement dans de grands espaces. Les cochons sortent progressivement de leur abri, les poules sortent timidement de leur cage, et les vaches s'élancent vigoureusement hors de leur hangar — au ralenti. Il n'y a pas de voix off mais il y a une forme d'écriture, évidemment, dans beaucoup de séquences dont la toute dernière, en particulier, un plan-séquence sur la truie pendant qu'on lui retire ses porcelets et sur les moments d'errance qui suivent. Les porcelets à la naissance ressemblent à des petites machines aux mouvements saccadés et maladroits. Les pattes de poules en gros plans semblent sortir d'un film de science-fiction type Godzilla. L'environnement sonore est en outre particulièrement riche : ça grogne, ça grouine, ça couine, ça meugle, ça beugle, ça mugit, ça glousse, ça caquète. Quand la douzaine de porcelets se met à table, les mamelles de la truie se transforment en un banquet bruyant. Quand la poule unijambiste se trouve confrontée à un grillage, elle essaye de le traverser de nombreuses manières. Les vaches, elles, un peu comme dans Bovines, observent paisiblement l'œil qui les scrute.
De l'observation à haute valeur esthétique, rien de plus, rien de moins.
Des images par ici : http://je-mattarde.com/index.php?post/Gunda-de-Viktor-Kossakovsky-2020
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les films en Noir & Blanc par choix esthétique, Pépites méconnues - Films, Mes Documentaires, Mon cinéma norvégien et Top films 2020
Créée
le 23 févr. 2021
Critique lue 713 fois
3 j'aime
D'autres avis sur Gunda
Gunda est un film qui invite à la rêverie. C'est un espace-temps offert pour flâner, et en cela, le documentaire devient intéressant, malgré (grâce à ?) ses longueurs et son hermétisme...
Par
le 1 sept. 2021
1 j'aime
C'est beau, mais c'est long, pour ne pas dire ennuyeux. Ce sont juste de belles images, pas d'histoire, pas de dialogue. Après 3/4h, j'ai fini le film en accéléré. Si vous êtes du genre à vous assoir...
Par
le 23 août 2021
C’est le type de projet que je vois rarement, mais celui-ci m’a intrigué parce qu’il semblait en phase avec ma sensibilité. Le principe : de longues séquences documentaires suivant des moments de vie...
le 25 févr. 2022
Du même critique
Ceci n'est pas vraiment une critique, mais je n'ai pas trouvé le bouton "Écrire la chronique d'une désillusion" sur SC. Une question me hante depuis que les lumières se sont rallumées. Comment...
Par
le 20 juil. 2014
144 j'aime
54
"Birdman", le film sur cet acteur en pleine rédemption à Broadway, des années après la gloire du super-héros qu'il incarnait, n'est pas si mal. Il ose, il expérimente, il questionne, pas toujours...
Par
le 10 janv. 2015
140 j'aime
21
Her est un film américain réalisé par Spike Jonze, sorti aux États-Unis en 2013 et prévu en France pour le 19 mars 2014. Plutôt que de définir cette œuvre comme une "comédie de science-fiction", je...
Par
le 8 mars 2014
125 j'aime
11