Je n'arrive pas à voir Silent Voice, c'est une malédiction. A chaque fois que je pars le voir, soit il ne passe pas, soit pas le temps, bref, ça veut pas.
La première fois, je m'étais rabattu sur Le Monde est à Toi (qui est génial), et cette fois, j'ai foncé dans la première salle disponible, à savoir, Guy. C'est marrant, parce que j'avais vu toujours l'affiche de loin, et que j'ai toujours cru que c'était Michael Douglas à l'affiche.
J'ai vite été surpris en consultant sur internet juste avant la projection, qu'en fait, c'était Alex Lutz, et que l'histoire, c'est un mec qui fait un reportage sur un chanteur vieillissant, alors qu'il s'agit de son père caché.
J'étais donc totalement étranger au film, incapable de savoir ce que je m'apprêtai à voir. Il y a juste eu un homme, sortant de la projection précédente qui, me croisant, avait levé les pouces en me disant d'un ton déterminé « excellent » !
J'ai été encore surpris, en voiyant qu'il s'agissait d'un found-footage faux reportage sur le personnage de Guy Jamet, un chanteur ayant eu un certains succès à l'époque de Claude François, et qui fait justement un come-back. Et pendant tout le film, j'ai vraiment cru que ce Guy Jamet existait, qu'Alex Lutz s'était inspiré d'un artiste dont je n'avais jamais entendu parlé pour en faire son portrait.
Alors que Guy Jamet n'a jamais existé, et c'est avec cette information que je suis capable de tirer deux affirmations.
De une, à travers ce film, Alex Lutz a réussi à faire de ce personnage de Guy Jamet un mythe. On nous le présente comme une véritable star, il passe chez Drucker (obligé), chez Europe 1, on nous montre des archives de concerts, de reportages sur sa vie d'antan. On suit également le personnage sous un angle personnel, ses conquêts amoureuses, sa maison, ses chevaux, ses ressentis personnels, on a une star devant nous, mais c'est avant tout un homme vieillissant. Alors j'ai cru en ce personnage de Guy Jamet, car il est merveilleusement bien écrit, force parfois la caricature du vieux chanteur à la Johnny qui dit parfois des absurdités, mais dont on s'attache.
Et la deuxième affirmation... Alex Lutz est un putain d'acteur. Dès les cinq premières minutes, ça m'a paru être une évidence. Je l'aimais pas trop quand il jouait Catherine ou Liliane pour Le Petit Journal, j'étais pas fan de cet humour, mais ici, le personnage qu'il incarne, il l'a dans la peau, et il le joue comme un Dieu. Les mimiques, le timbre de la voix (qui change en fonction des époques), d'ailleurs, il chante merveilleusement bien. Franchement, Lutz, je tire mon chapeau, parce que des prestations aussi bonnes, bah on en voit rarement.
Le but du film, c'était de faire de ce personnage de Guy Jamet une légende, mais une légende fragile qui se lie d'amitié avec ce reporter qui le film sans arrêt, sans savoir que c'est son fils. Il est un incroyable reflet de ces artistes vieillissants comme le fût Johnny Hallyday et bien d'autres. Le film se permet même d'incruster Julien Clerc qui entre un peu aussi dans cette mécanique que décrit le film. L'objectif est parfaitement atteint, l’exercice de style dans lequel s'est jeté Lutz est merveilleusement maîtrisé et offre une expérience inédite.
Après, je l'avoue, je trouve que le film a certaines longueurs, certains passages de la vie de Guy Jamet sont justement, de simples moments de vie pas forcément passionnants à suivre (genre, Guy qui dort dans le train), on peut comprendre que c'est le regard bienveillant de son fils à travers la caméra qui essaye de percer cette barrière qu'il y a entre eux, mais bon... on se fait quand même un peu chier des fois.
Mais sinon, Guy est un projet incroyablement bien mené, chapeau bas pour Alex Lutz qui en l'espace d'un film, m'a convaincu qu'il est un véritable artiste. A l'avenir, je ferai plus attention à ce qu'il fait, car si c'est pour être aussi agréablement surpris que par ce Guy, et bien je dis oui !