Guy est un film formidable pour différentes raisons mais tout d’abord parce qu'il est prenant et se regarde très facilement, sans que l'on s'ennuie, ce que j'admire toujours pour un film qui ne contient au final pas ou peu d'actions à proprement parlé. Rien à dire donc sur le rythme et le montage.
L'idée de faire un faux documentaire fonctionne très bien et on arrive aisément à rentrer dedans, c'est finalement très bien filmé malgré la crainte que l'on peut avoir de se retrouver avec des images bancales et volontairement amatrices.
Le film soulève pleins de thèmes intéressants : la relation d'un artiste avec sa famille pas toujours évidente (fils caché, rares rencontres etc).
Même si Guy vit le moment présent et semble apprécier sa vie actuelle, on sent dans le regard parfois le temps qui passe et il en ai conscient, la nostalgie peut survenir rapidement (visite de l'Icare). Les nombreux plans sur les disques d'or, pochettes d'album et photos contrastent avec l'homme du présent qu'est Guy, partant en tournée, enregistrant en studio et promouvant ses chansons aux médias. (on retrouve d'ailleurs cette aspect sur l'affiche du film : un poster de Guy jeune avec devant Guy de nos jours).
La gloire est aussi un aspect important du film, qu'est ce que l'on retiendra de lui ? qui est son public après tant d'années ? (de nombreux plans sur les spectateurs).
Les deux grosses raisons pour lesquelles Guy pourrait réellement être un chanteur au même titre que Sardou ou Cloclo, c'est dans un premier temps le jeu d'acteur incroyable d'Alex Lutz mêlée au travail exceptionnel du maquillage (certains gros plans permettent vraiment d'analyser son visage et de se rendre compte du réalisme indéniable).
Dans un second temps, c'est l'amour et l'observation d'Alex Lutz des idoles de la variété française auxquelles il va puiser son inspiration : le plateau avec le vieux chanteur un peu paumé et les chroniques truffés de pics (ici à Europe 1 et en un peu plus exagéré pour marquer le coup) sont omniprésentes dans les vraies émissions radio et TV. Ajoutez à cela le travail sur les musique originales qui sont parfaitement crédibles (Joe Dasssin aurait pu en chanter), en effet l'univers musical de l'époque est respecté. Mais aussi les images d'archives un peu kitsch (clip avec les cotés floutés ou encore le duo au piano à la France Gall et Michel Berger) et même la reprise de chanson avec des guests (Julien Clerc). Tout le monde recourt à cela de nos jours (Eddy Mitchell, Véronique Sanson...).
En étant un peu plus exhaustif on peut en outre citer la passion que beaucoup de chanteurs âgés ont (ici l'équitation) et la méchanceté envers les techniciens et musiciens (la bassiste et le tech avec son gaffer)
Guy c'est aussi de l'humour volontaire et inhabile. Je suis très fan des attitudes et de l'esprit du personnage (discours bien attentionné mais un peu maladroit sur les homosexuels), les gimmick du visages (bouche flottante, regard perdu), ses réflexions ("il est con lui aussi" ; "il est drôle lui Sylla, il est rigolo lui" et les nombreux "tu m'emmerdes") et réactions (sa femme l’appelle mais c'est au cameraman qu'il dit "Pardon ?") des détails très naturels et amusants qui me renvoient parfois directement à mes grands parents et bien sûr à ces chanteurs des années 60/70s.
Guy est attachant, peut être qu'il ne maîtrise rien aux nouvelles technologies, mais il est lucide sur sa vie et offre parfois de belles morales (celle du vase par exemple).
Et comme si être réalisateur et acteur ne suffisait pas à Alex Lutz, il est aussi de bon goûts : mettre les albums de Woodstock, Hendrix et Sweet Smoke dans un film, c'est me prendre par les sentiments ! :P
Un excellent film français dont on se souviendra ! Merci Guy pour ces regards caméra poignants.