Parfois, un film vous laisse décontenancé et vous avez un mal fou à déterminer votre sentiment général, si ce n'est qu'il penche plutôt vers l'incompréhension. Dans le cas de Habib, La grande aventure, signé du cinéaste belge Benoît Mariage (Les convoyeur attendent), le pitch n'est pourtant pas abscons : il s'agit d'un jeune acteur bruxellois, d'origine maghrébine, qui joue le rôle de Saint François d'Assise sur scène (difficile d'en parler à sa famille) et doit en même accepter des rôles"d'Arabe de service" au cinéma, jusqu'à un jouer un gigolo auprès de Catherine Deneuve (sic). Il y a une quête identitaire que l'on voit bien dans ce sujet ainsi que les difficultés que peut rencontrer un acteur qui renvoie une certaine image à ses metteurs en scène. Très bien, mais le film semble parfois aussi erratique que le cheminement de son héros. Certaines scènes, vraiment loufoques, sont très réussies et d'autres apparaissent comme déconnectées et, pour être honnête, d'un intérêt un peu limité. C'est le cas aussi de nombreux personnages dont on se demande quelle est leur réelle plus-value (la sœur, par exemple, ou la maîtresse du père). Habib, La grande aventure ressemble à une étape de moyenne montagne dans le Tour de France : on croit en des péripéties palpitantes mais on n'a droit qu'à quelques échauffourées, au milieu d'une morne plaine. Habib semble souffrir d'une certaine schizophrénie, eh bien, le film aussi, d'une certaine manière.