Premier film de Julien Duvivier tourné alors qu’il avait à peine 22 ans, en Corrèze, découpé en quatre parties (oui c’était vraiment une habitude à l’époque), Les trois premières parties s’enchaînent très vite, chacune assez thématiques mais la dernière est vraiment la plus longue et ça tire franchement.
Ce film est considéré comme un « western » : sauf qu’il y a un seul personnage qui ressemble un tant soi peu à un cowboy, qu’il y a plusieurs pistolets c’est un fait et une jolie fille, mais personnellement je trouve que c’est plus un « polar » familial.
Duvivier y va à fond avec sa caméra, le montage est plutôt rapide, il multiplie les gros plans, les personnages regardent directement vers la caméra (donc vers nous), ainsi que les paysages de Corrèze qui sont très jolis. Nous sommes en 1919 et le réalisateur fait quelques expérimentations comme des surimpressions et dédoublements (la scène où Jean imagine tuer Smith qui se dédouble est assez bluffante pour l’époque). Il a aussi écrit le scénario mais est très léger avec les intertitres qui servent essentiellement de narration, il y a très peu de dialogues, en tout cas peu sont retranscrits comme pour nous laisser volontairement dans le brouillard avant le final.
Le casting est impeccable, il y a de vrais gueules : Jean Lorette qui sert de fil rouge à nous faire rencontrer tous les autres personnages est charmant tout en autant que très bien, Séverin-Mars (connu surtout pour « La roue ») est imposant, charismatique dans le rôle de Landry Smith, Suzy Lilé à vraiment un charme et n’a pas beaucoup besoin d’en faire, son rôle étant assez peu écrit.
Camille Bert et Yvonne Brionne complètement la distribution.
Pour résumer, « Haceldama » est un bon film, plutôt efficace et intéressant, malgré qu’il s’éternise quelque peu malgré son heure huit. Plutôt sympa mais pas inoubliable.