Optical Malady
Michael Mann affirme désormais clairement sa singularité, et par conséquent divise la critique de façon assez radicale. Les acquis à sa cause y décèlent la patte d’un auteur hors norme, se jouant du...
le 29 mai 2015
73 j'aime
42
C'est parti pour la leçon de philosophie de comptoir: qu'est-ce que la vie sinon un assemblage de code? On passe notre existence toute entière à chercher l'osmose avec nos congénères, avec la nature, avec ses papiers qui nous pourrissent le moral... Les nations tentent de dresser une toile invisible de relations entre elles, les multinationales s'attachent les unes aux autres via divers accords, la ville contraint les individus de différentes classes à cohabiter ensemble, ou plutôt les uns sur les autres (au sens propre et figuré)... La cellule, origine même de la vie, n'est elle-même rien d'autre qu'un assemblage de données codées dans une cohérence quasi miraculeuse.
Ce constat a été largement illustré, exploré au cinéma de bien des manières, le générique culte de Matrix en est probablement le meilleur exemple. Pourtant, si cela a déjà été traité, peu des films choisissent d'en faire le sujet central de leur intrigue. Il aura fallu attendre le retour de Michael Mann, pas complètement remis des bides conséquents qu'avaient été ces derniers long-métrages pour voir cette thématique poussée à son plein potentiel. Dans un thriller qui désarçonnera, à la fois cérébral dans son fond et purement conceptuel dans sa forme. Car Michael Mann filme le monde des Hacker (ou "Blackhat") comme il filmerait un flux d'ondes ou de données circuler dans un réseau alimenté en permanence. Dans ce marasme d'information, des individus microscopiques, qui cherchent seulement à se connecter les uns aux autres. Des services gouvernementaux de deux nations en rivalité, un frère et une sœur, un homme et une femme... Alors quand cette communion peut enfin avoir lieu, c'est toujours suite à une confrontation forte en dommage ou en tension: une embrassade lors d'une remise de peine suite à une négociation musclée, une bagarre dont l'issue est la mort conduit les protagonistes à s'unir, la mort de leur guide les poussant par la suite à s'allier dans la vengeance, cette fois...
"Blackhat" c'est la recherche du lien dans un monde morcellé, où l'éthique et la morale paraissent toutes deux obsolètes. Ou finalement la libération passe par le fait de traverser les lignes de codage, à l'image de ce final d'une puissance visuelle hors du commun. Une ultime bataille pour l'humanité, illustrée par une violence viscérale. Après la confrontation, le rôle du Hacker prend fin, l'équilibre est rétablit. Reste la récompense, à savoir la fuite dans l'anonymat. Et l'Univers de continuer son cours, vaste toile d'informations liées entre elles.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Ces films détestés par tout le monde... Sauf moi et Films criminellement sous-estimés
Créée
le 20 août 2024
Critique lue 13 fois
6 j'aime
D'autres avis sur Hacker
Michael Mann affirme désormais clairement sa singularité, et par conséquent divise la critique de façon assez radicale. Les acquis à sa cause y décèlent la patte d’un auteur hors norme, se jouant du...
le 29 mai 2015
73 j'aime
42
Se projetant dans un film d’action où tout se joue dans les mouvements, dans une réflexion théorique de la matérialité, dans un état de ramification de synapses cybernétiques inatteignables, Michael...
Par
le 19 mars 2015
59 j'aime
8
« La question est de savoir quelle forme accomplit ça, quelle forme de composition, quelle forme de lumière, quelle forme de musique accomplit ce que j’avais en tête ». Voilà comment Michael Mann,...
Par
le 6 avr. 2015
55 j'aime
29
Du même critique
On n'est jamais prêt à s'attaquer à l'analyse d'une œuvre mythique!Comme l'a dit un grand sage: "Il est fort dangereux de sortir de chez soi. On prend la route et, si on ne regarde pas où on met les...
Par
le 22 janv. 2024
18 j'aime
11
Une franche tranche de rigolade, cet album. L'un de ceux qu'on relit avec plaisir, peu importe l'âge! Goscinny parvient à parodier le "mythe du viking" à merveille, de même qu'à agrémenter le récit...
Par
le 3 oct. 2023
16 j'aime
21
Roger Rabbit est un film fondé presque exclusivement sur le paradoxe: paradoxe entre le cinéma de l'Enfance et celui dit "sérieux". Cinéma de la modernité versus cinéma classique. Animation versus...
Par
le 4 juin 2024
16 j'aime
10