Optical Malady
Michael Mann affirme désormais clairement sa singularité, et par conséquent divise la critique de façon assez radicale. Les acquis à sa cause y décèlent la patte d’un auteur hors norme, se jouant du...
le 29 mai 2015
72 j'aime
42
J'adore les films sur l'informatique, les réseaux sociaux, les complots, tout ce qui touche aux ordis et à Internet, en fait. Du coup, j'en oubliais les soubresauts insupportables de la caméra de Michael Mann et je m'en allais voir Hacker (dont le vrai titre est en fait Blackhat).
Cette épreuve de 2h20 n'avait pas fini de me faire sourire et grimacer à la sortie. Le scénario, bancal, raconte l'histoire d'Hathaway, grand bandit qui purge sa peine en prison. Après un début qui se voudrait incroyable niveau sensations, niveau CG, c'est-à-dire qu'on suit des données dans des circuits, OULALALA EN FAIT CA SE PASSE COMME CA DANS LA VRAIE VIE bon, après ça, on a Hathaway qui se fait asperger d'eau par des gardiens pour avoir piraté des comptes et filé de la thune aux autres détenus.
=> Cette scène est censée te dire : "regarde, il est en prison mais il n'a pas vraiment de raison d'y être il est pas bien méchant ! " ; "Oui est puis c'est Chris Hems...Hemwtrs...Hemwopft... Bref c'est Thor"
Se suit d'une scène à haut cliché cinématographique à savoir : l'administratif qui lui tend un papier - le contrat d'apparence non négociable - et le bad boy/gentil héros à dire "nan mais vouvou foutez de ma gueule là oh je veux sortir de mes 2m² alors t'es gentil tu vas dire à tes patrons que c'est niet"
=> Cette scène est censée te dire : "ça a l'air d'être très dangereux cette histoire et il doit être sacrément doué disdonc"
Bien sûr, le héros sort de prison, à condition de les aider. Mais, à quoi faire d'ailleurs ? A pirater le compte Facebook d'Obama ? Que nenni, Chris tu vas les aider à savoir qui se cache derrière 2 attaques : celle d'une centrale nucléaire et celle du Mercantile Trade Exchange (CME) de Chicago faisant grimper les prix du soja. Chris, après mûre, mûre réflexion, nous fait un regard des plus intenses pour dire : "je pense que ce n'est que le début" ou une connerie de ce genre. Nous suivons donc une nana qu'on connait (AAH mais oui je l'ai vu dans FBI : Portés Disparus !) + Dawai Chen (le commanditaire meilleur pote d'Hathaway) + la soeur de Chen, super mignonne. Au moment où je l'ai vu, j'ai dit à mon compagnon de torture : "elle va se le faire" oui, et pas l'inverse, car elle dévorait de ses yeux ébahis la carrure monstrueuse de Chris, dont les premiers boutons de chemise devraient, elles aussi, faire l'objet d'une investigation.
Mais le souci dans l'histoire c'est qu'il y a des méchants intermédiaires dont on n'a strictement rien à foutre. Une des séquences les plus drôles est celle dans le restaurant coréen où Chris & sa belle se retrouvent pour faire de la filature. S'en suit un dialogue des plus spirituels.
"Oh mais Chris dis-moi pourquoi tu fais de la prison choupi ?"
"Bah tu vois chui un hacker donc à la Silicon Valley c'est pas vraiment fait pour les gens comme moi vois-tu"
"Han han oui mais sinon ?"
"Ben sinon j'ai volé des banques pour me faire de la thune. MAIS ATTENTION HEIN je vole pas les gens moi, je vole les banques. Tu vois je suis un peu le Robin des Bois des temps modernes" redresse une mèche de ses cheveux blonds-plage
"Tu es un homme fort et beau et intelligent Chriiissssss"
Et avant même de lui souffler un "je sais", Chris doit également montrer qu'il est le plus fort (parce qu'on n'avait vu que ses talents d'acteur jusqu'ici HAHAHA) du coup il pète des mecs qui entrent dans le resto à coup de chaises.
Je passe les scènes où les deux font des bébés - ah non pardon on est à Hollywood - donc oui ils font du sexe tout habillés et après on les voit en train de dormir à poil. Vient un moment cliché limite en noir et blanc où Chris doit également montrer qu'il est sensible sous ses 8 tonnes de muscles et il avoue des secrets sur sa famille en loucedé à la nana qui est bien trop fatiguée après les 1mn30 d'amour passionnel qu'elle vient d'avoir.
Blablabla, scène d'action dans des containers, blablabla, mitraillettes et mec qui meurt mais-on-ne-sais-pas-qui-c'est, blablabla. L'équipe récupère enfin un truc intéressant, seulement il leur faut un logiciel-superordinateur méga puissant pour le décoder. Alors FBI portés disparus appelle son contact de la NSA : "ouais Paulo, tu pourrais nous prêter Black Widow ? Ahaha mais non t'es con pas la chanson d'Iggy Azaela le super logiciel ? Nan ? Bon ok merci salut le bisou à Jeannine"
Mais attend, Chris se serait pas un Hacker avec un grand H ? Môsieur aime jouer avec le feu alors après avoir demandé son avis à tout le monde et de l'avoir roulé sous les aisselles, il fait sa manip : il installe un enregistreur de mot de passe en envoyant un PDF au gars de la NSA.
Ouioui.
Le mec de la NSA :
Rholala j'ai mangé trop de pâtes à la cafèt de la NSA. Je vais consulter mes mails top-secrets. Voyons voir, un mail de mon patron : "veuillez renouveler votre mot de passe pour Black Widow" ah c'est marrant j'en parlais justement à la meuf au téléphone y'a 5 minutes mais bon aucun rapport. Ah y'a même un PDF qu'il faut cliquer et que je ne connais pas du tout, même en sachant que je suis à la NSA je pourrais me méfier ou demander à mes collègues mais bon je fais confiance après tout.
Donc après un des pires hackages que j'ai vu au cinéma de ma vie, il réussit à choper le mot de passe et à décrypter le code. Blablabla, des scènes qui ne servent à rien...
...ET BOUM le frère (Dawai Chen) qui meurt.
Alors celle-là tu t'y attendais pas hein ! Et pile les méchants qui arrivent en plus ? Mais que font les deux autres zigotos, celle de FBI et l'autre policier ? Ils sont dans la voiture en train de parler. Parce qu'en fait elle a perdu son mari le 11 septembre. Et je n'ose même pas vous raconter à quel point c'est subtilement amené dans la conversation, ni comme ça n'a absolument rien à voir avec le reste du film.
Sinon les méchants arrivent donc et Chris protège de ses 10h de muscu par jour la belle chinoise qui tremble de peur, d'effroi et de chagrin, ben oui merde le meilleur acteur du film vient de se faire buter.
Alors, ils réussissent à s'échapper pour aller dans le métro.
"Bouahahabeuheueheu il est mort"
la secouant comme un prunier "C'est pas le moment de faire la choch je veux dire de pleurer ! Tu feras ton deuil après là il est question de survie"
"Bouahahabeuheuehu tu as raison comme toujours Chris"
Après il traversent le monde avec des Ray-Ban et les chemises toujours ouvertes de Chris sur son corps de gladiateur jusqu'en Malaisie, où en fait ils se rendent compte que le méchant a un plan encore plus alambiqué que ceux de James Bond pour, en gros, se faire encore plus de money.
Chris traque le méchant, donne au méchant un point de RDV et crève l'autre tarte qui a tué son meilleur pote et frère de la damoiselle, qui dit avant de mourir "personne n'était jamais arrivé aussi près" ET COUPEZ oui un cliché de plus ! C'est dans la boîte !
Le méchant finit par crever. Le couple a plein de money. Ils partent on ne sait pas où les dépenser en margharitas et chemises sans boutons.
Voilà, alors pour résumé, ce film c'est 80% de bullshit et 20% de Thor (j'ai craqué) qui essaie d'avoir l'air intelligent, autant dire d'être un bon acteur.
Créée
le 25 mars 2015
Critique lue 777 fois
12 j'aime
5 commentaires
D'autres avis sur Hacker
Michael Mann affirme désormais clairement sa singularité, et par conséquent divise la critique de façon assez radicale. Les acquis à sa cause y décèlent la patte d’un auteur hors norme, se jouant du...
le 29 mai 2015
72 j'aime
42
Se projetant dans un film d’action où tout se joue dans les mouvements, dans une réflexion théorique de la matérialité, dans un état de ramification de synapses cybernétiques inatteignables, Michael...
Par
le 19 mars 2015
59 j'aime
8
« La question est de savoir quelle forme accomplit ça, quelle forme de composition, quelle forme de lumière, quelle forme de musique accomplit ce que j’avais en tête ». Voilà comment Michael Mann,...
Par
le 6 avr. 2015
55 j'aime
29
Du même critique
"Dieu créa la Terre en sept jours. Et en sept secondes, il détruisit la mienne." Voici les premières paroles du film "Sept Vies" avec Will Smith et Rosario Dawson, réalisé par Gabriele Muccino. Le...
Par
le 17 juil. 2010
33 j'aime
2
Avant de vouloir lire le dernier "Chef d'oeuvre" de ce maître d'orchestre de la littérature, d'après les critiques, je voulais déjà en lire un, un des premiers, la base de Houellebecq si je puis...
Par
le 22 sept. 2010
31 j'aime
9
Un film de merde, avec des biatch qui pleurent. Baby Doll est un fantasme masculin, se laissant lobotomiser par le mec de Mad Men : what else ? Un simili faux cuir du Seigneur des Anneaux (ils ne se...
Par
le 31 mars 2011
27 j'aime
11