Optical Malady
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le 29 mai 2015
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Bon, si avec ce film vous avez encore des doutes quant au fait que Michael Mann soit le plus grand metteur en scène de ce siècle, je sais pas ce qu'il vous faut de plus. Blackhat a été pour moi une expérience folle, je pensais pas qu'un film pouvait aller aussi loin dans l'esthétisme et l'abstraction tout en appartenant à un genre habituellement calibré (le cinéma d'action).
En fait je me rends compte que c'est super compliqué de parler de ce film. Pourquoi je m'emmerde a écrire cet avis ? Je n'arriverais de toute façon pas à retranscrire le quart des émotions qui m'ont traversé quand j'ai vu ce bijou de cinéma. Mais bon, je suis actuellement cloué au lit et j'ai envie de faire un truc plus productif que dormir. Mais comprenez que Blackhat (ou Hacker en français mais c'est un vieux titre) tient plus de l'expérience sensorielle que du simple divertissement bourrin. Respect Michael Mann quand même. On a la un cinéaste de génie qui parvient à bouleverser les codes d'un cinéma à la base assez restreint pour le rendre complètement personnel. Blackhat porte en effet toutes les obsessions et thématiques que Mann développe depuis le début de sa carrière. Tout y est, c'est juste génial, c'est le cinéma contemporain à son apogée. Si Collatéral peut aisément prétendre au titre de film américain majeur du début des années 2000, n'ayons pas peur de citer Blackhat parmi les œuvres les plus révolutionnaires du cinéma post-2010. J'ai rarement vu une telle efficacité dans le scénario, l'enchaînement des actions, tout ca en parfaite symbiose avec cette esthétique urbaine ahurissante qui me rappelle pourquoi j'aime tellement les films de Mann. Parce que Blackhat c'est du grand Mann comme on en fait plus, et il y a tout ce que j'aime dans le Cinéma. Et malheureusement cette merveille a fait un bide énorme au box office. Ça me troue le cul.
Dans ce sens on pourrait lier ce film à Miami Vice : Deux Flics à Miami. Le film de Mann le plus incompris, celui qui aura le plus divisé les foules (mais n'oublions pas qu'il reste l'un des chef d'œuvre du cinéma des années 2000), tout simplement parce que le cinéaste s'est approprié un matériau globalement apprécié par la masse (la série Miami Vice en l'occurrence) et l'a transformé de la manière la plus radicale possible pour exprimer ses idées, ses obsessions, son cinéma. Du coup qui dit film radical dit film qui divise. Il en est de même pour Blackhat. Ca plaira pas à tout le monde, c'est indéniable. Mais une fois qu'on a compris les intentions du film, on est plus apte à apprécier ce chef d'œuvre.
Et quelques fois dans le film viennent se glisser des moments d'onirisme total, sortant un instant le spectateur de l'effervescence et la noirceur du récit pour le faire basculer dans la rêverie, la contemplation. J'adore, c'est juste beau, y'a rien à expliquer, et pourtant je vous jure que je vous comprend totalement si vous adhérez pas. Une scène du film qui m'a énormément marqué, c'est la poursuite en plein milieu d'un carnaval asiatique, on a une foule de personnages qui sont comme dépossédés, fantomatiques, et Chris Hemsworth (qui respire la classe) pourchasse un type en pointant son flingue. Tout est flou, désincarné, la densité de la foule nous fait perdre nos repères, on est dans le doute constant. En plus d'être esthétiquement très belle, cette scène possède une atmosphère fantomatique dingue qu'on voit rarement dans les films d'action.
Et ne venez pas me dire que le scénario est simplet ou bancal... Déjà si vous me dites ca c'est que vous n'avez aucune idée de ce qu'est un scénario. On est devant un truc ultra maîtrisé de bout en bout qui nous tient sans cesse en haleine et qui parvient à créer un climat de tension et d'incertitude constante qui témoigne d'une grande virtuosité au niveau de l'écriture.
Bon je crois que j'en ai fini. J'oublie sûrement des tas de choses. J'ai oublié de parler de la romance entre les deux protagonistes qui est juste sublime tant elle semble sortie de nul part, d'un rêve presque. Mais le film reste pessimiste jusqu'à la fin, avec cette idée que la technologie a fait basculer notre monde dans l'insécurité. Glaçant.
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Créée
le 16 févr. 2016
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