Pas faite pour une vie en couvent de soeurs où elle n’a même pas eu le temps de prononcer ses voeux avant de se faire rejeter car trop extrême dans sa foi — elle en vient à se porter en “martyr” pour se rapprocher de Dieu — Céline (ou Hadewijch) est une jeune étudiante en quête de spiritualité. Sa position amoureuse surprend ceux qui sont moins initiés à la religion (Nassir en est le parfait exemple), mais très saluée par d’autres qui ont la foi, bien qu’ils ne soient même pas catholiques (par exemple, Khaled). En effet, elle n’est amoureuse que de Dieu, à tel point qu’elle “ne supporte pas que quelqu’un d’autre que le Christ la regarde”. C’est dans le monde extérieur que Céline va réellement chercher un sens à sa foi. Elle va passer par une église, où elle sera fascinée par la musique interprétée (un travelling très long mais très doux pour se rapprocher de son visage va parfaitement décrire son état d’esprit). Mais c’est en rencontrant deux personnes de confession musulmane qu’elle va avoir un autre point de vue sur sa spiritualité. En effet, elle semble subir le même bouleversement quand elle va écouter une prière musulmane, à la mosquée ou non.
La rencontre des trois personnages est tout à fait fortuite, puisque même leur niveau social les oppose (Céline est une fille de bourgeois, Khaled et Nassir vivent en banlieue parisienne). Mais c’est avec eux qu’elle réalisera la présence universelle de Dieu, se traduisant par des plans légèrement surexposés (mais très élégants). En étant mise face à l’intégrisme religieux (attentats au Moyen-Orient et sur le sol Parisien), elle va comme mettre en doute la présence du Christ sur Terre. “Pourquoi me forces-tu à te poursuivre sans cesse ? Pourquoi m’échappes-tu ? Malheur à moi d’être une créature humaine !” : s’en suit une tentative de noyade, un geste pour se débarrasser pour ce fardeau que de vivre sur Terre, elle qui se larmoie de la non-présence corporelle du Christ sur sa planète.
Dans Hadewijch, Bruno Dumont porte un regard sur la foi extrême, et tente de comprendre les mécanismes de pensée de ces personnes. Son approche très minimaliste dans la composition de ses cadres est sublimée par une splendide photographie. Un grand film.