C'est un documentaire de facture très classique, avec extraits de concerts, interviews d'époque et photos de l'artiste et interviews, cette fois contemporaines, de certains des personnages clés qui l'ont côtoyé à différentes époques de son parcours (et qui s'écoutent parfois un peu parler dans leurs demeures souvent luxueuses). Parmi ces interviewés, je mentionnerai Judy Collins, plus de 80 balais et un regard qui reste d'une fraicheur exceptionnelle.
Rien de bien original, donc, mais de bonne facture et pas inintéressant : la carrière de Cohen, du début à la fin, est retracée dans son ensemble, le tout évidemment en mode hommage. Les fans du chanteur-poète, dont je suis, s'y retrouveront, comme de bien entendu. Si l'histoire de la chanson Hallelujah constitue l'un des morceaux de bravoure du film, d'autres épisodes sont également largement évoqués : la fameuse gipsy wife, le bide avec Spector, la retraite dans un monastère zen et la méga-tournée finale, à plus de 70 ans, qui l'a renfloué alors qu'il avait été ruiné par un escroc.
L'histoire Hallelujah est assez édifiante : l'album Various Positions sur lequel figure la chanson, pourtant financé par Columbia, avait été refusé par le PDG de la major et n'est sorti aux Etats-Unis que sur un obscur label. La chanson est du coup passée presque inaperçue à sa sortie (presque parce que Dylan la reprenait tout de même sur scène) et ce sont finalement ses covers qui en ont fait une pièce quasiment universelle : d'abord celle de John Cale sur l'excellent album hommage I'm your fan (à mes yeux de loin la meilleure interprétation de cette chanson : https://www.youtube.com/watch?v=AdNdncBTc-Q ), puis celle de Jeff Buckley et enfin de celle de la bande-son du film d'animation Shrek. Et je passe sous silence les multiples reprises apparues à l'occasion d'émissions télé à la con, style the Voice ou la nouvelle star.
Bon voilà, c'est tout, les fans passeront un bon moment, mais le truc reste malgré tout assez convenu. La poésie de Cohen aurait peut-être mérité d'être examinée un peu plus en profondeur...