Je diviserais le film en deux parties : une première moitié formidable, une seconde nettement moins réussie.
Le film débute sur un Michael Myers garçonnet de 10 ans. Et là, bonjour la famille ! Une mère strip-teaseuse qui fait de son mieux pour ses enfants, un beau-père alcoolique et violent, nous sommes dans les bas-fonds de la société américaine. Ces laissés-pour-commpte qui cumulent grande pauvreté, violence, alcool, précarité, faillite de l'éducation, etc. C'est dans ce contexte que grandit donc le petit Michael Myers, garçon perturbé, en quête d'identité (sexuelle entre autres). Un garçon en danger aussi bien chez lui qu'à l’extérieur.
Bien entendu, il ne s'agit pas d'excuser Michael Myers. La scène d'ouverture nous montre bien un personnage complètement cinglé et déjà irrémédiablement perdu.
Et au milieu de tout ça, il y a les masques. C'est sans doute là, pour moi, une des plus grandes réussites du film : l'obsession de Myers sur les masques. Un masque qui lui permet de se cacher, de se couper du monde. Une protection contre un monde extérieur où tout est menaçant pour lui (drôle de paradoxe pour un prédateur comme lui). En tout cas, ces masques sont vraiment angoissants. Ainsi, lorsque l'on entre dans sa cellule et qu'on la voit décorée de centaines de masques, ça nous plonge dans une ambiance franchement glauque.
Les scènes d'entretiens entre le garçon et le docteur Loomis sont passionnantes. Et toute cette première partie est une franche réussite. La réalisation incandescente fournit des images qui pulsent vers les spectateurs. La bande son est, en plus, vraiment remarquable et parfaitement utilisée : des bruits (ou des silences), de la musique, et le thème d'Halloween (le thème du film original, composé par Carpenter lui-même) qui intervient à des moments bien choisis, d'une façon à la fois jubilatoire et terrifiante.
Et il faut absolument parler du gamin. Daeg Faerch (qui avait vraiment 10 ans au moment du tournage) est formidable. Capable de jouer un enfant "normal", il peut, en un instant, nous décrocher un regard à faire des cauchemars pendant des mois !
Puis, Michael Myers, adulte, est libre.
Et là, c'est la déception.
Le film, si intelligent et novateur jusque là, devient d'une affligeante banalité. Les meurtres s'enchaînent, il n'y a plus de suspense, et on retrouve tous les ingrédients du genre, tout ce à quoi on croyait échapper. Ainsi, le terrible tueur est confronté à une jeune fille douce et pure, adolescente exemplaire. L'ambiance et le suspense ont disparu. Le rythme s'accélère, mais il le fait en perdant toutes les qualités précédentes.
Ici, Myers devient une sorte d'être surnaturel, un Croque-Mitaine diabolique. Il apparaît n'importe où, se cache dans les ombres, et résiste aux balles. ça devient du n'importe quoi.
Même la réalisation a perdu de son inventivité.
En bref, un sentiment mitigé pour un film qui aurait pu être beaucoup plus réussi. Mais ça ne m'empêchera pas d'aller voir la suite...