Ce qui est bien avec la saga des Halloween, c'est que les films moyens et mauvais sont tellement légion que les rares un minimum bons semblent imprégnés d'un halo, d'une sorte d'effet surnaturel, qui les fait forcément ressortir du lot. En l'occurrence, ce premier Halloween de David Gordon Green rentre sans nul doute dans mon top 3 des films préférés de la saga, tout juste à côté (devant ou derrière je ne sais pas encore) de l'épisode 2 original de 1981.
Suite directe au film de 1978, cet Halloween de 2018 envoie donc valser les autres suites dès sa séquence d'introduction et la recomposition de sa citrouille pourrite, et au détour d'un dialogue, ne manque pas d'envoyer quelques crottes de nez au Halloween 2 de 1981 qui, introduisant un lien de sang entre Michael et Laurie.
Le film arrive de surcroit à réintroduire Michael Myers d'une manière plutôt intelligente, en ne le filmant que de dos lorsqu'il est encore en hôpital psychiatrique, puis en ne captant que sa tenue une fois sa célèbre combinaison de garagiste revêtu, et même une fois le masque obtenu, il faut attendre son premier meurtre, hors-champ, pour qu'il récupère son fameux couteux et redevienne le tueur qu'il a toujours été. Certains plans-séquences sont d'ailleurs parfaitement réussis.
L'un des plus gros apports du film est sans nul doute l'inversion des rapports, Laurie Strode incarnant davantage la prédatrice que la proie, au point de remplacer Michael lors de certains plans faisant écho au film original de 1978. Le personnage est émotionnellement instable, du genre à avoir fait vivre une enfance à la Captain Fantastic à sa fille Karen (quelle honte d'appeler sa fille comme ça ! Je comprends qu'on lui ait retiré la garde !). Reste tout de même la fin pro-armes et pro-défense du territoire que ne renieraient pas les Républicains… même si ça fait plaisir de voir un trio de femme prendre le pouvoir pour contrebalancer tout ça.
Malheureusement, le film s'éparpille un peu par moment. Je comprends la logique derrière la réintroduction d'un flic et d'un docteur : Frank Hawkins (Will Patton) remplaçant Brackett (Charles Cyphers) et le docteur Ranbir Sartain (Haluk Bilginer) remplaçant Loomis (Donald Pleasence)… mais encore fallait-il faire quelque chose de pertinent avec. Non parce que le coup du Loomis 2.0 qui se révèle finalement être tout aussi taré que Michael, à la limite pourquoi pas… mais si c'est pour le faire crever seulement 5 minutes à peine après cette révélation, ce n'était pas la peine d'introduire ça : le docteur n'étant finalement là que pour nous amener plus rapidement vers la rencontre finale entre Laurie et Michael.
Bref, ce Halloween de 2018 fut une bonne surprise, qui arrive à rendre hommage au film de 1978 sans être grossier. Reste à voir ce que vaudra la suite… pour le coup, je dois avouer que j'ai quand même un peu peur.
À noter le retour de Carpenter, en tant que producteur délégué, mais surtout en tant que compositeur : cet épisode étant probablement l'un des plus mémorables de la saga à ce niveau-là.