J’ai fini par me lancer dans le remake de mon film d’horreur préféré, avec tout de même pas mal de craintes, cependant Rob Zombie m’a agréablement surpris avec "La Maison des 1000 morts" et "The Devil’s Rejects" alors je me suis dis qu’il avait peut être fait un boulot acceptable, et au final je suis loin du constat accablant, ça n’est pas un sacrilège comme j’aurais pu le croire, mais je reste mitigé sur pas mal de points.
Le film se divise clairement en trois parties, en premier lieu on a droit à un léger prequel racontant l’enfance de Michael Myers, en second son internement et son évasion puis tertio son retour à Haddonfield et sa vengeance. Le début m’a assez plu car j’ai retrouvé ce style lugubre propre au réalisateur, le côté un peu crasseux du midwest avec des relations familiales malsaines, ça instaure un climat inédit à la franchise et c’est bien, le récit se focalise sur la psychologie de Myers enfant, de ses troubles bipolaires et sa barbarie naissante, puis il bascule dans une tuerie implacable qui le mènera en centre psychiatrique alors qu’il n’est âgé qu’à peine 10 ans. Le rôle de Loomis est important car le rapport qui est instauré entre eux deux appelle à une restructuration profonde, mais Myers restera muré dans le silence durant 15 longues années. Adulte au physique imposant il apparait là comme le prototype de la machine à tuer implaccable, le ton du film est définitivement établi, Rob fait dans le bourrin, en même temps c’est un peu son style, pas vraiment de surprise, on est d’ailleurs toujours dans une ambiance foncièrement différente à celle de Carpenter, qui lui préférait doser la sienne avec minutie en terme de degré d’épouvante, que ça soit par le cadre ou la bande son, la version de 78 ne s’attardait pas beaucoup sur la personnalité de Myers, préférant braquer sa caméra sur Laurie Strode.
Et c’est d’ailleurs là où à mes yeux le film se plante, car il est profondément en déséquilibre, la partie Haddonfield est ratée dès les premières minutes avec la présentation de Laurie, sa famille et ses amies, le virage est bien trop abrupte et on nous force à adhérer aux personnages en un lapse de temps très court, c’est quasiment impossible à part si on se contente d’un film d’horreur lambda avec son avalanche de meurtres chronique. De plus on s’aperçoit que Zombie tente cette fois de raccrocher vulgairement les wagons avec la version d’origine, on ressent presque une sensation de copié collé que ça soit par certaines scènes ou la bande son, et personnellement ça m’a vraiment dérangé, la première partie du film m’avait convaincu car c’était une vraie tentative de réappropriation que là c’est tout le contraire. On ne parvient jamais à s’attacher au personnage de Laurie Strode, on reste juste passif, et le film tombe inexorablement dans des codes d’horreur movie rébarbatifs, bien que le côté brutal du réalisateur garde un aspect intéressant, avant de totalement plonger la tête la première dans la surenchère et la gratuité totale. On anticipe les jumpscares, l’écriture est à la peine, à l’image de Loomis où l’éternel gâchis d’Hollywood Malcolm McDowell tente de sauver les apparences, mais c’est un peu peine perdue, et le film se termine sur un coup de dé à moitié étrange, sans forcement chercher à comparer on est à des années lumières du degré d’ambiance scotchante et flippante des ultimes minutes de la version Carpenter.
Je pensais durant une bonne demi heure me tromper en ce qui concerne ce film mais au final ce "Halloween" de Rob Zombie reste juste un remake assez maladroit et symptomatique d’une mode absurde, cependant par rapport à pas mal de longs métrages de ce genre je dois bien avouer que c’est sans doute un des plus correct, car il aurait été facile de tourner ça en un torrent de sang, de boobs, de musique hard rock et de bière, lui il ne l’a pas fait, il a tout de même respecté un minimum la franchise d’origine pour y apporter quelque chose, dommage que ça n’ai été que minime.