À peine Halloween 4 sorti (certaines salles américaines le diffusaient encore à l’époque) et son succès commercial entamé que les producteurs de la franchise ont tout simplement sauté sur l’occasion pour continuer l’aventure. Par là, il faut entendre que ces derniers n’ont pas attendu longtemps pour creuser un peu plus le filon en s’attelant aussitôt à une suite. Et si l’appât du gain s’est avéré payant pour l’opus précédent, sur cet Halloween 5, cela lui sera fatal.


Car il faut savoir qu’avec une mise en chantier aussi rapide, le développement et donc la production de cette suite ont été des plus chaotiques : scénario constamment modifié, tournage débutant sans que le script soit achevé, désaccords avec les comédiens (notamment sur la tournure de l’histoire), planning beaucoup trop serré… À la limite, si le projet s’était retrouvé entre des mains expertes (un retour de John Carpenter, pour rêver un peu ?), nous aurions très bien pu nous retrouver face à un divertissement horrifique certes bancal mais pour le moins efficace, comme ce fut le cas pour Halloween 2. D’ailleurs, ce cinquième film réitère les mêmes erreurs que ce derniers, à savoir faire de Michael Myers un simple psychopathe masqué à la Jason Voorhees et non le croquemitaine ultime (le fait de reprendre là où le 2 se terminait gâche au plus haut point le final de celui-ci, ne jamais iconifier le tueur comme il se doit…). Mais même avec ces problèmes non corrigés, Halloween 5 fait chuter la franchise dans les bas-fonds du cinéma horrifique à cause de sa production bordélique.


Le premier touché reste le scénario du film, qui enchaîne bêtise sur bêtise. Juste parce que pour attirer le public il fallait absolument faire de nouveau appel à Michael Myers, les producteurs ont littéralement gâché une idée de script qui aurait très bien pu renouveler la franchise (oublier le tueur et faire de la jeune Jamie Lloyd un être possédé et démoniaque). Du coup, on se retrouve avec une espèce d’histoire de lien mental qui s’oublie en cours de chemin, servant de prétexte à un enchaînement de meurtres sans queue ni tête et parfois trop longs (celui de la grange s’étale sur un bon quart d’heure du film), qui n’ont pas la qualité visuelle des épisodes précédents (sauf peut-être Halloween 3). Sans compter que l’ensemble nous fait passer par des incohérences scénaristiques monstres, comme l’introduction du film qui semble nous dire que Myers a passé un an dans le coma (pour l’explication, toute la partie avec l’ermite à totalement été supprimée du scénario original). Par une dénaturation inexpliquée de certains personnages de la saga (principalement Loomis, devenu ici antipathique). Par des détails incompréhensibles, tel cet homme en noir sorti de nulle part. Et surtout par un fil rouge vraisemblablement absent, laissant le script en roue libre. De quoi se sentir perdu et de ne quasiment pas accroché à un long-métrage finalement ennuyeux à mourir !


Mais l’aspect chaotique d’Halloween 5 se traduit également du côté de son aspect technique, plus précisément du montage. Avec des réécritures à foison, le film n’est composé que de séquences n’ayant aucun lien entre elles. Si cela confirme ce qui a été dit dans le paragraphe précédent, le montage n’est pas épargné non plus : le long-métrage est coupé bizarrement (une scène de cauchemar en parallèle à une histoire de drague adolescente, par exemple) et manque cruellement d’homogénéité visuelle (le tout ne cesse de changer de ton et d’ambiance sans raison). Ajoutez à cela des comédiens non concernés et vous obtenez un film d’horreur en tout point loupé et inintéressant. Et c’est fort dommage quand on voit le final de ce dernier, qui parvient à capter l’attention et à provoquer un semblant de tension (jouant même sur la révélation du visage de Myers) alors que tout le reste du projet n’est que vide et désespoir.


Si la franchise avait su se démarquer des autres sagas horrifiques comme Vendredi 13 à ne jamais descendre dans le grand n’importe quoi, Halloween 5 change la donne et pas qu’un peu ! Véritable tâcheron à la carrière de Michael Myers qui pourtant, ne sera pas la pire insulte au film de John Carpenter. Rendez-vous donc prochainement pour les critiques des autres longs-métrages de la franchise !

Critique lue 297 fois

D'autres avis sur Halloween 5

Halloween 5
dosvel
1

Faites-le Crever, Bon Sang !

𝐻𝑎𝑙𝑙𝑜𝑤𝑒𝑒𝑛 5 se présente comme une véritable épreuve cinématographique, un film qui semble avoir perdu toute essence de ce qui faisait le charme oppressant de la franchise originale. Rarement...

le 6 nov. 2024

9 j'aime

Halloween 5
Zogarok
4

Entre Austin Power et Michael Myers il faut choisir : là où l'inévitable essoufflement survient

Halloween 4 était un très bon film de genre. Néanmoins l’essoufflement de la saga paraissait inévitable au-delà et lui-même scellait la fin de l’état de grâce. Comme Résurrection plus tard, Halloween...

le 31 oct. 2014

7 j'aime

6

Halloween 5
Play-It-Again-Seb
3

Massacre d'Halloween

Certainement le plus mauvais opus de la franchise. Le précédent n’était déjà pas terrible mais il respectait globalement les codes et le final, glaçant, offrait la perspective de donner une nouvelle...

Par

le 2 nov. 2023

5 j'aime

4

Du même critique

Batman v Superman : L'Aube de la Justice
sebastiendecocq
8

Un coup dans l'eau pour la future Justice League

L’un des films (si ce n’est pas LE film) les plus attendus de l’année. Le blockbuster autour duquel il y a eu depuis plusieurs mois un engouement si énormissime que l’on n’arrêtait pas d’en entendre...

le 28 mars 2016

33 j'aime

1

Passengers
sebastiendecocq
5

Une rafraîchissante romance spatiale qui part à la dérive

Pour son premier long-métrage en langue anglophone (Imitation Game), Morten Tyldum était entré par la grande porte. Et pour cause, le cinéaste norvégien a su se faire remarquer par les studios...

le 29 déc. 2016

29 j'aime

La Fille du train
sebastiendecocq
4

Un sous-Gone Girl, faiblard et tape-à-l'oeil

L’adaptation du best-seller de Paula Hawkins, La fille du train, joue de malchance. En effet, le film sort en même temps qu’Inferno (à quelques jours d’intervalles), un « Da Vinci Code 3 » qui attire...

le 28 oct. 2016

28 j'aime

4