J'ai beaucoup apprécié le Halloween de 2018, un peu moins celui de 2021, même si je lui ai trouvé certaines qualités… en ce qui concerne cette version de 2022, je dois bien avouer que l'on descend encore d'un cran. Je n'irai pas non plus jusqu'à dire, contrairement à certains, que ce Halloween Ends est une grosse merde sans intérêt, le film possédant tout de même quelques qualités, mais force est de constater que ce n'est vraiment pas terrible.
Les deux derniers Halloween faisaient de nombreux clins d'œils à l'original, Kills en faisait aussi quelques-uns à d'autres épisodes de la série (principalement au 2). En ce qui concerne ce Halloween Ends, on se rapproche davantage des épisodes 3, 4 et 5 (bien que l'on n'oublie pas les quelques plans hommages au film de 1978), mais aussi d'autres œuvres de John Carpenter, essentiellement Christine. Je n'avais pas vu ce dernier avant de voir Halloween Ends, par conséquent, je l'ai regardé spécialement pour l'écriture de cette critique (que personne ne lira bien évidemment) et effectivement, ça y ressemble beaucoup : le nom de famille du personnage est le même, c'est une victime qui finit par prendre l'ascendant sur ses bullies, il travaille dans un garage, on retrouve le coup des lunettes écrasées et le fait qu'il les abandonne, etc. Ça ressemble beaucoup trop à Christine en fait, au point où, sans crier au plagiat non plus, on est sur un hommage tellement appuyé par moment que le film de Gordon Green n'a finalement pas une grande « plue value » par rapport au film de 1983. Surtout que, en plus d'être moins intéressant à suivre que son homologue présent dans Christine (homologue déjà pas forcément très intéressant), la véritable force de ce dernier, c'était le personnage de Christine justement. Bref, c'est du presque pareil, mais en moins bien et sans aucune pertinence.
Quoiqu'ici, David Gordon Green fait un parti qu'il ne peut que perdre. Soit il continuait à repomper Christine, et faisait de Corey un personnage sur qui Michael avait de plus en plus l'ascendant, soit il faisait l'inverse et… bah, c'est Michael Myers qu'on veut voir nous. Franchement, je pense qu'il y avait un truc à faire avec ce côté « second méchant sidekick »… mais pas dans un Halloween Ends quoi ! Pas dans le film censé conclure la tétralogie ! C'est quand même con, t'a Michael Myers comme grand méchant durant trois films, et puis pour le dernier, c'est limite un personnage secondaire. Et tout ça pour quoi ? Pour bêtement tuer Corey et faire revenir Michael juste après, pour un combat final expédié et sans aucune saveur, du moins sans l'intensité du combat final présent dans le film de 2018 qui inversait déjà les rôles entre Laurie et Michael. Encore une fois, je ne trouve pas l'idée si conne que ça, mais ç'aurait dû être introduit avec le précédent épisode, ç'aurait davantage gagné en intérêt. Puis bon, autant pour le film de 2018, ils ne savaient pas s'ils allaient faire une suite, autant pour Kills, ils savaient très bien que ç'allait être le cas : à partir de là, le spectateur sachant par avance que Michael allait rester en vie à la fin du film, tout du moins que la saga ne se clôturait pas avec cet épisode-là, le coup d'intégrer un nouvel antagoniste aurait pu s'avérer judicieux.
Surtout que, comme déjà indiqué plus haut, Halloween Ends fait aussi de nombreuses références à d'autres films de la saga : aux épisodes 3, 4 et 5 principalement. Sauf que là encore, y a un truc qui ne va pas. Reprendre la typographie de l'épisode 3 annihile la cohérence de la saga : là encore, quitte à changer de typo, ç'aurait dû être fait dès l'épisode Kills, pas une fois arrivé à la fin (on dirait une collection de films distribués par Warner). Par contre, tout comme pour Halloween III, on retrouve le coup des enfants qui ne sont pas épargnés, et ça, c'est une très bonne chose ! Halloween Kills fait même mieux ! Il se permet d'en tuer un dès sa scène d'introduction !… même si cette même mort du gosse, propulsée par-dessus la balustrade, fait un peu « gag à la Looney Tunes ».
On retrouve aussi les épisodes 4 et 5 dans ce côté « transmission du mal ». Comme dit plus haut, je ne trouve pas cette idée mauvaise, mais elle demeure très mal exploitée. Je ne sais pas si je dois prendre ça pour une qualité ou non, mais je me suis justement fait la remarque, en plein milieu du film, comme quoi je me faisais autant chier que devant Halloween 4 et 5 justement. Du coup, je ne sais pas si je dois le prendre dans le sens de la fidélité, et me dire que c'est une bonne chose que ce soit aussi chiant, ou justement me plaindre de ça.
Autre remarque balancée comme ça. Tout comme pour Halloween Kills, Ends m'a beaucoup fait penser à Vendredi 13 par moment… à croire que David Gordon Green s'est trompé de saga. À l'exception que Halloween Ends, notamment à cause de son « faux tueur », m'a surtout fait penser à Vendredi 13 Chapitre 5, soit l'un des pires de toute la série.
L'autre gros problème de ce Halloween Ends c'est qu'il se révèle encore moins subtile qu'Halloween Kills (qui n'était déjà pas subtile pour un rond), qu'il est bourré de facilités, que les ficelles sont grosses au point où on a l'impression de se retrouver devant des cordes… bref, que l'écriture est à chier.
Je regrette le faible nombre de drive-in en France, car vu le nombre de fois où j'ai levé les yeux au ciel durant le visionnage, j'aurais au moins pu admirer les étoiles à la place de mon plafond. Corey doit avoir 25 ans, mais sa mère lui parle comme s'il en avait 10 de moins ; le fait qu'il se fasse bully sonnait déjà cliché dans un film de 1983, ça l'est encore plus dans un film sorti près de 40 ans après ; de nombreuses répliques semblent être tirées d'un nanar comme ce fameux « J'ai vu les yeux de Michael dans ceux de Corey » ; Allyson, qui aurait dû reprendre le flambeau de la finale girl, est surtout devenue complètement débile, devenant éperdument amoureuse de Corey malgré les 150 red flags le concernant, etc. etc.
En fait, le film témoigne d'un énorme problème, dans son écriture, mais aussi en ce qui concerne l'écriture d'une trilogie : le fait d'écrire chaque épisode l'un après l'autre, de ne pas avoir de vision d'ensemble. On n'est pas loin de la dernière trilogie Star Wars quoi, à l'exception que pour cette dernière, le manque de cohérence, de vision d'ensemble, résidait essentiellement dans le choix des réalisateurs : passer de J.J. Abrams à Rian Johnson, pour repasser à Abrams, alors qu'ils avaient une vision diamétralement opposée. En ce qui concerne Halloween, ce choix est d'autant plus incompréhensible que c'est la même équipe qui a bossé sur les trois films. Pour le coup, il suffit de regarder Ends juste après Kills pour se rendre compte qu'il n'y a aucun lien entre la fin du deuxième et le début du troisième, que ça n'a pas été tant que ça réfléchi en amont. Paradoxalement, les commentaires du réalisateur présents dans mon Blu-ray de Halloween Kills étaient partis pour me faire croire l'inverse.
La totalité du film n'est pas à jeter non plus, on retrouve quelques-unes des qualités des précédents comme la volonté de se passer d'effets spéciaux numériques pour se tourner vers des effets spéciaux pratiques. On retrouve aussi cette logique d'avoir un nouveau générique pour chaque épisode. Enfin, on a encore droit à quelques plans bien trouvés… même si, pour ce coup-là, on est bien en dessous des deux autres.
Reste tout de même à noter quelques bonnes idées. Le fait de donner un masque d'épouvantail à Corey, avec la symbolique qu'il y a derrière, n'est pas inintéressant. Quoique ce ne soit pas très surprenant de retrouver l'épouvantail dans un film qui nous présente les Batman & Robin du crime. Dernière bonne idée : le fait de foutre Michael dans la broyeuse à la fin, juste après avoir exposé son cadavre aux yeux de tous. Au moins c'est radical ! Certes, ça n'exclut par le retour du boogeyman à travers un énième reboot (coucou Jason Blum), mais au moins, ç'a l'audace de clore définitivement l'arc lancé par Carpenter et Lee Curtis, puis repris par David Gordon Green.
Il y a toujours une question qui rôde quand on se retrouve face à un film de ce genre-là, « doit-on connaître les origines du mal ? » Franchement, je serais tenté de dire que ça dépend surtout de ce que le réalisateur a à proposer, ce qu'il a à raconter… et en l'occurrence, avec ce Halloween Ends, je dois bien avouer que je me suis surtout retrouvé face à une bien belle déception. La saga méritait bien meilleure fin. Pourquoi faut-il que ça se finisse toujours aussi mal avec cette saga ?