INTRODUCTION
« Le cheval blanc symbolise l’instinct, la pureté et la propension du corps physique à libérer des forces émotionnelles puissantes telles que la colère génératrice de chaos et de destruction… »
-Extrait de l’inconscient psychique des rêves.
En 2007 sortait sur les écrans le remake d’Halloween par Rob Zombie. Attendu avec ferveur, le film ne divisa pas seulement les fans mais aussi toutes celles et ceux qui l’avaient vu avec un regard neutre. Car il ne s’agissait pas d’une banale relecture du classique mais bien d’une vision personnelle mélangée au respect de l’œuvre originale. Les deux parties distinctes du long-métrage sont là pour le prouver. Evidemment, il y eu différents problèmes inévitables à la réalisation d’un tel projet. Rumeurs de remontage, rythme bancal et complaisance pour le mal. Autant d’affirmations plus ou moins vraies selon le point de vue où l’on se place. Mais cela n’empêchait pas Rob Zombie de dire : « … J’adore le personnage, mais toutes ces mauvaises suites ont amoindri son aura horrifique. Je me suis demandé ce qu’il faudrait faire pour revigorer cette icône à laquelle tout le monde est habitué depuis 30 ans… » (Interview Mad Movies, n°201, octobre 2007). Un exploit lorsque l’on pense avec quoi le réalisateur a dû jongler pour pouvoir accoucher d’une telle péloche. Les attentes des fans et des néophytes, le respect par rapport à John Carpenter, le traitement du personnage principal, un gros budget et la réputation d’une nouvelle franchise. Toutes ces minis-bombes à retardement ne l’ont cependant pas empêcher d’accoucher du film que l’on sait. Malgré une deuxième partie très classique somme toute inévitable et surement notée dans le contrat, le premier Halloween est de loin le remake le plus réussi depuis longtemps.
Pourtant Rob Zombie ne voulait pas faire la suite de son film, en tout cas pas lui-même : « Il y aura peut-être une suite à mon remake, je n’ai rien contre ça, mais ce sera sans moi… Même si j’avais découpé Michael Myers en morceau et que je l’avais envoyé en orbite dans l’espace, les studios auraient trouvé le moyen de faire une suite… » (Interview Mad Movies, n°201, octobre 2007). Autant dire que l’on n’attendait pas vraiment de séquelle à Halloween, et encore moins avec Rob Zombie aux manettes.
Refonte absurde, prétentieux, catastrophique, brouillon, pathétique, excuse lamentable, merde pelliculée,…etc sont autant de qualitatifs qui ont été utilisés pour désigner Halloween 2.
Mais pourquoi tant de haine ? Les attentes des spectateurs n’étaient-elles pas bonnes ? Si tel est le cas cela reste quand même curieux car Rob Zombie n’a jamais cessé de le dire : « Halloween II est mon film. Je n’ai même pas regardé les précédents opus de la franchise, afin de m’assurer que rien ne subsisterait pas mégarde.» (lebuzz.info).
PART I : SCENARIO
« Vous pourriez mettre Halloween I et Halloween II bout à bout et vous obtiendriez un long métrage suivi de quatre heures » (Rob Zombie)
Je ne pourrais pas commencer sans d’abord parler du scénario. Malgré sa bonne foi et ses qualités indéniables, qu’allait bien pouvoir raconter Rob Zombie ? Surtout lorsque l’on se souvient de la fin du premier épisode. Dans ce sens, beaucoup de personnes ont oubliés les multiples manières dont est « mort » Michael Myers durant toute la saga. Un coup de feu facial en hors champ n’est pas pire qu’une tête tranchée (Halloween H20) ou qu’être en plein milieu d’une explosion au gaz dans un hôpital rempli de produits chimiques (Halloween 2, 1981).
Officiant aussi en tant que scénariste, Rob Zombie fait revenir Michael Myers directement après la fin du premier Halloween. N’étant pas mort, il revient à l’Halloween suivant pour terminer le travail. Tuer sa petite sœur Laurie est toujours son but ultime. Mais la véritable question allait-elle enfin avoir des réponses ? Croire que l’histoire tient sur un ticket de métro est oublier de voir la vérité en face. Halloween II, ce n’est pas seulement Michael Myers mais aussi Laurie Strode. Via ce personnage important, le scénario dévoile les secrets d’une histoire à première vue simpliste mais jamais insipide. Il ne s’agit pas d’un slasher de plus mais d’une relation violente entre un frère et une sœur. Cette dernière vivant dans la peur constante du retour de son grand frère. L’interprétation de Scout Taylor-Compton laisse par moment un peu à désirer. Au même titre que Jackie Earle Haley pour Robert Englund, il est très difficile d’oublier l’ancien interprète d’un personnage aussi mythique.
Ensuite, si le scénario d’Halloween est brouillon, alors comment était celui de la suite de Rick Rosenthal ? Pire, comment qualifieriez-vous celui d’Halloween Resurrection ? Pire, il y a toujours pire.
Le récit est la suite logique du premier et est bel et bien la vision respectueuse et personnelle de son réalisateur. Avec sa façon qui lui propre (Rob Zombie a une putain d’identité !), il met en scène une course-poursuite dans un contre la montre visuel et surtout violent. Cette même violence qui reste en phase avec le récit. Chaque passage de ce type fait partie intégrante du scénario. Tout a un lien et rien n’est laissé au hasard. Et à la question « Pourquoi Michel Myers se rend dans ce club de strip-tease pour faire un massacre ?», je répondrais que la réponse est tellement évidente qu’y répondre serait une véritable insulte. Le scénario est une histoire assez simple en soi mais elle est magnifiée par une atmosphère brutale qui nous rappel sans cesse à la réalité. Un récit plausible avec un tueur qui ne l’est pas moins malgré son apparence et sa force surhumaine.
PART II : LA REALISATION
On a énormément critiqué la mise en scène de Rob Zombie pour cet Halloween 2. Incompréhensible lorsque l’on pense aux mises en scènes ultra répétitives de toutes les suites du film de John Carpenter ! Certains épisodes sortaient quand même la tête de l’eau grâce à quelques séquences bien filmées et imaginatives. Je pense, par exemple, à la scène de la station service dans Le Retour de Michael Myers. Mais en faisant le compte, jamais la réalisation d’un film de cette sage n’est vraiment sortie du lot. Grande exception faite pour le film de Steve Miner en 1998. Là ou toutes les autres bandes n’arrivaient pas (ou ne voulaient pas ?) se renouveler, Halloween II ne fait pas la même erreur et obtient le maximum sur tout les tableaux.
Tout d’abord, l’atmosphère. J’ai lu comme critique principale qu’Halloween II était trop sombre ? Excusez du peu (rires). S’est-on plaint de The Dark Knight ou de Freddy – Les Griffes de la Nuit ? Le remake de 2007 l’était déjà pas mal et personne ne s’en était senti froissé. Il était logique que la suite suive ce chemin en allant encore plus loin. Connaissant le bonhomme, qu’aurions-nous pu attendre de la part de Rob Zombie ? Ne pas admettre la légitimité d’une telle évidence, c’est surtout vouloir inconsciemment une suite « carbone » comme le furent les nombreuses séquelles de l’ancienne saga.
Ensuite vient un élément important du slasher : les meurtres. Graphiquement parlant, il s’agit là de véritables œuvres d’arts sur pellicules. Nombreux, ils restent tous sans concession et ultra-violents. Ce qui ne veut pas non plus dire qu’ils ne veulent rien faire entendre ! Au contraire. En plus de toujours avoir un rapport avec l’histoire, ils restent dans une logique de continuité. Sauf pour quelques uns où la magie de la mise en image palie ce tout petit manque. Le mot « répétitif » et la phrase « mal rythmée » reviennent sans cesse. Pourtant ce n’est pas le cas. Il ne faut pas être un fan absolu pour deviner ce qui va se dérouler. Mais la réalisation des méfaits de Michael Myers est tellement bien faite qu’elle nous fait le même effet de dégoût à chaque prise. Quel long-métrage peut se féliciter d’un tel exploit ?
Savoir tenir sur cette ligne de conduite durant tout un film sans jamais se trahir, c’est inouï. Une évidence que les détracteurs n’ont pas voulu voir en prétextant une réalisation prétentieuse. Car il faut avouer que la personnalité du réalisateur, aussi noire soit-elle, imprime tous les aspects du film. Dans ses dialogues, vraiment « bad-ass » et qui ont donc l’air par moment hors-propos. Mais pour s’en apercevoir, il faut impérativement voir Halloween II en version originale. On s’aperçoit alors que les dialogues ne sont pas si rudimentaires que ça et qu’ils collent parfaitement à l’univers du film. Hallucinations risibles, réalisation brouillonne, montage incohérent, plans trop rapides,… Il est clair qu’il fallait être bien préparé pour voir Halloween II. Lorsqu’on s’aperçoit que des films d’horreurs comme Prom Night 2008 font un carton, on se demande bien pourquoi. Pourquoi de tels films aussi insipides et dénués de vie ont le succès qu’un film comme Halloween II mérite au centuple ? Peut-être que l’inventivité et l’amour du genre de Rob Zombie a trop déstabilisé les habitudes des gens… Il faut que lorsqu’on est nourri au même biberon durant des années, on ne sait plus s’en passer. C’est pourquoi il faut entrainer nos esprits à rester ouverts. Rob Zombie l’a fait en essayant de faire plaisir au plus de monde possible. Le meilleur exemple est bien sûr cette fausse introduction faisant honneur à l’Halloween II de Rick Rosenthal et scénarisée par John Carpenter (tiens donc…).
Dans un constat pareil, je ne peux pas faire sans parler de ces fameuses séquences de rêves tant décriées. Personnellement, je les ai prises comme des petits films à part entière, qui le temps d’un instant nous emmènent hors de la violence brutale de son héros nous rappelant qu’il est aussi humain que nous. Ces passages ne sont pas seulement là pour faire joli , mais sont aussi réalisés de manière assez hors-sujet de façon à être inventifs (donc de se démarquer du reste) et surtout pour émouvoir. Car Michael aime sa mère et l’aimera toujours. Alors soit on aime ce qu’a fait Rob Zombie, soit on n’aime pas. La question de l’utilité ne se pose pas ici, il s’agit bêtement d’une question de goût. Et puis beaucoup de réalisateurs ont toujours voulu faire dans le « sombre » mais sans jamais vouloir se défaire du coté répétitif du genre. C’est ce que Rob Zombie a fait ! Les rêves, et cauchemars pour d’autres, sont ce qui rend Halloween II si spécial.
PART III : PERSONNAGES
Je ne connais pas beaucoup de monde qui aime recevoir des coups de poings dans la figure. Mais des pains pareils, je veux bien en recevoir plus souvent ! Pour être honnête, je dois avouer que je fus très déstabilisé par un personnage en particulier. Vous avez certainement deviné qu’il s’agit du docteur Loomis. De clinicien dévoué, il passe ici à un infâme opportuniste. Pour ma part, c’est le seul aspect vraiment négatif du film. Heureusement que le personnage se rattrape sur la fin avec son sursaut de courage ! Mais Malcom McDowell est tellement impeccable et le film si exceptionnel que le cas Loomis n’est qu’un microscopique grain de poussière dans l’univers. En elle-même, l’interprétation est vraiment bonne. On ne peut que regretter que certains personnages comme le sheriff Brackett ne soi pas plus utilisés. Le casting reste de qualité même si ma préférence revient toujours à Jamie Lee Curtis et ses amies. Laurie Strode où la bougie qui a tout fait enflammer. Décevante dans le remake, Scout Taylor-Compton se rattrape dans Halloween II : adolescente grunge et perturbée. Un aspect différent de celui un peu trop « clean » que nous connaissions jusqu’ici. Et que dire de Michael ! Tout en comprenant les nombreuses réticences des détracteurs d’Halloween II, je ne peux qu’approuver la version de Rob Zombie. Masque en partie arraché, il crie lorsqu’il tue ses victimes. Pas de manière excessive mais assez pour déstabiliser les habitués du fantomatique Michael ancienne version. Un camp est à choisir. Celui du spectre silencieux initié par John Carpenter ou le clodo trash par Rob ?
Clin D'œil :
Le "Director's Cut" dure 119 mn.
Notons que, bien qu'aboutissant sur la même dernière séquence, et ayant des significations relativement proches, les fins de la version cinéma et de la version réalisateur ne sont pas les mêmes.
La version cinéma est plus longue et sanglante, avec une action prenant place au même endroit mais aux évênements sensiblement différents.
Notons également que Danielle Harris, qui interprète ici Annie Brackett pour la seconde fois, avait déjà depuis longtemps l'habitude de subir les foudres de Michael Myers, puisque c'est elle, alors toute jeune, qui jouait le rôle de Jamie Lloyd dans Halloween 4 et 5 (1988 et 1989).