Le point commun entre Rian Johnson, Marc Forster, Shane Black et Rob Zombie (entre autres) est d'avoir osé toucher au mythe d'une franchise juteuse vieille d'une trentaine voire d'une cinquantaine d'années. On aura beau se dire que l'ambitieux mais perfectible métrage de ces Messieurs est cerné de gentilles bouses mais rien à faire, il vaut mieux pondre un étron respectant les codes plutôt qu'une reconstruction de la mythologie. Les réseaux sociaux se faisant juges et bourreaux, "A Tous les coups l'on gagne" cette sempiternelle sanction de la détestation. Pourtant la manoeuvre est d'une délicatesse infinie entre l'envie de se démarquer de ses prédécesseurs et l'amour du matériau d'origine. Offrir un nouveau départ, élaborer de nouveaux enjeux, (re)dessiner de nouvelles formes à partir d'un concept en hibernation a de quoi entretenir la passion. "Quantum of solace" gommait le glamour inhérent à la saga Bond pour un film straight d'une micro durée, "Les Derniers Jedi" faisait de Luke un bougon troglodyte sans avenir et "The Predator" tendait une main généreuse au pulp et aux bandes viriles eighties. RADICAL. Evidemment, les approches y sont discutables surtout lorsque les problèmes de production se font sentir grippant les rouages d'une mise en image qui devaient couler de source. Néanmoins, l'essai à peine transformer révèle déjà l'envie de nouveaux territoires thématiques et formels à conquérir.
Le cas Rob Zombie et du second volet de son reboot de 2007 relèvent de l'intégrité d'un artiste et du renouveau d'une franchise à nouveau en pleine possession de ses moyens mais complètement étouffée par l'aura moribonde d'une suite d'opus peu glorieux. Si l'on rattache les problèmes de distribution dûs à l'échec commercial (le film n'est pas sorti en France) et les échos catastrophiques de la presse papier et du fan ravagé du bulbe ne souhaitant que de l'Opinel dans la trachée, "Halloween 2" s'offre un enterrement de première classe. Dix ans plus tard et le succès monstre du segment de David Gordon Green permet de rebattre les cartes de la franchise faisant émerger l'un des plus passionnants trésors enfouis de la saga. Une vérité éclate : "Halloween" version 2009 n'est en aucun cas un slasher mais une déclaration d'Amour quasi satanique à une fête païenne dont les dominantes oranges et noires maquillent un scope habité de vieilles figures récurrentes, de fantômes et d'hallucinations Oedipiennes.
Zombie ouvre le champ des possibles. "Halloween 2" sonne l'hallali et organise la mise à mort d'un sous-genre usé par trente ans de thématiques boomerang qui reviennent sans cesse à l'assaut du dollars. Le cinéaste tape du poing sur la table et le folklore de Jack O'Lantern éclate comme jamais soufflant sur son passage son nihilisme habituel. Au travers d'images forgées par le mental (rêves, cauchemars, fantasmes) nait un Armageddon terrestre sur une portion du territoire Américain dont l'allégorie massive porte les traits d'un Myers vagabond. Le masque blanc en lambeaux, la fête du meurtre est terminée. Le décors d'un théâtre passé mis en place par Carpenter et érodé par tant de sequels fatigués s'effacent enfin. Il ne reste plus que "La silhouette" trimballant les spectres de Woodstock et de Manson au coeur des années 2000 dont on jurerait les sixties dans un futur parallèle. La fusion du métal et des orgies de sang ont le goût d'une Amérique au bord du KO. En sous-texte, la révolution a sonné au nez et à la barbe des producteurs exécutifs. Bravo Rob !