À ne pas s’y méprendre : à l’instar de La colline a des yeux 2 de Martin Weisz, cet Halloween 2 est la suite du remake et non le remake de la suite du film originel. Si vous vous sentez déjà perdus, sachez juste qu’après le succès du film de Rob Zombie, la production n’a pas attendu longtemps pour lancer la mise en chantier d’un nouvel opus et de faire du pied au réalisateur pour qu’il reprenne son poste. Une fois les choses acquises, il ne restait plus qu’au long-métrage d’égaler son prédécesseur, ce que les chiffres au box-office (plutôt mauvais, au point d’avoir privé le film d’une sortie française) et quelques critiques houleuses semblent compromettre. Pourtant, à bien y regarder, Halloween 2 à tout ce qu’il faut pour être l’un des meilleurs épisodes de la franchise !
Il est vrai que comparé au long-métrage précédent, le scénario de cette suite nous apparaît bien banale. Dans lequel le célèbre tueur Michael Myers s’apprête à semer une nouvelle fois la terreur et à pourchasser une Laurie Strode tourmentée par les événements passés. Jusque-là, je veux bien comprendre la déception, Rob Zombie ayant omis le travail effectué sur le remake (notamment sur la jeunesse et l’image humaine de Myers) pour se tourner vers la banalité horrifique la plus pure. Ce qui implique des situations, répliques et personnages encore plus débiles qu’auparavant. Sans compter une vulgarité un chouïa gratuite (sexe, insultes…). Et n’oublions pas les comédiens, les mêmes soit dit en passant, qui n’impressionnent guère. Qu’Halloween 2 déçoive sur ce point, c’est indiscutable ! Mais sur le reste, c’est vraiment jouer les fans hardcores détestant que l’on change quoique ce soit au point de ne pas voir que l’essence du film originel en est préservée !
Car ce qui a déplu avec cet Halloween 2, ce sont les grandes libertés que Rob Zombie s’est permis par rapport au film de John Carpenter. Si l’une d’elle peut, en effet, gâcher le scénario en le plongeant dans du fantastique à deux balles (les visions de Mme. Myers, la télékinésie entre Michael et Laurie…) et donc dans le grand guignolesque (surtout lors du dénouement), le reste côtoie le chipotage. Non, ce qui a surtout choqué, c’est l’étonnante évolution des personnages cultes de la saga: Laurie Strode passant d’adolescente comme les autres à une jeune rebelle plutôt rock, Samuel Loomis qui voulait aider tout le monde se retrouvant en businessman prétentieux et n’arrêtant pas de faire sa star… Sans oublier le nouveau look de Michael Myers, qui ressemble plus à un sans abri mal rasé portant bien plus une capuche que son masque (abîmé qui plus est !). Rappelons aux plus sceptiques qu’Halloween 2 est la suite d’un remake. Et qu’un remake, c’est à la fois une modernisation d’un film et une refonte de celui-ci, pour que le réalisateur puisse offrir au public sa propre vision des choses. Qu’Halloween 2 diffère des autres opus de la saga est donc tout à fait logique, étant donné que Rob Zombie poursuit sur la lancée du remake en nous livrant sa version de Michael Myers. C’est cohérent au possible et prouve à quel point le réalisateur a eu tout le loisir de faire son film comme bon lui semblait !
D’autant plus qu’avec Halloween 2, malgré ses défauts propres au genre horrifique, le cinéaste nous gratifie d’un divertissement très efficace, à l’écriture plutôt intéressante (en ce qui concerne la relation entre Laurie Strode et Michael Myers) et à la mise en scène tendue. Et surtout, vous avez-là le film dans lequel Myers se révèle être bien plus puissant, plus imposant et plus sauvage que jamais. Il suffit de voir la façon dont il est filmé pour s’en rendre compte (toujours de manière iconifiée). De voir la violence des meurtres auxquels il s’adonne sans remord. De voir son apparence, au final pas aussi insignifiante que beaucoup semblent pourtant décrier. De voir à quel point le travail fait sur le remake parvient tout de même à transparaître dans cette suite. Bref, on ne s’ennuie aucunement et on a le plaisir de voir Michael Myers au meilleur de sa forme !
Certes moins marquant que le remake, Halloween 2 reste l’œuvre d’un bonhomme qui, au lieu de faire dans la simplicité, a préféré poursuivre ses ambitions en prenant des risques et voulu sortir du moule « Carpenter » pour nous livrer un film qui ne soit pas une énième redite du film originel (comme c’est si souvent le cas dans le cinéma d’horreur). Efficace au possible, Halloween 2 vaut bien mieux que les autres opus de la franchise qui n’auront fait que descendre cette dernière au fil des années. Il est juste dommage que cette suite n’ait pas eu droit au succès, ne donnant pour le coup pas lieu à un Halloween 3 qui, vu la fin de ce numéro 2, aurait pu être d’aussi bonne tenue. Il faudra se contente d’un nouveau remake/reboot qui peine encore aujourd’hui à voir le jour… Il vaudrait peut-être mieux qu’il reste à l’état d’ébauche, afin de ne pas souiller le bon travail de Rob Zombie !