Alors qu'un 3ème film Halloween se prépare, John Carpenter accepte de le produire, à condition qu’il n’ait aucun lien avec les deux premiers opus. L'idée était de construire une franchise ou chaque suite serait indépendante, et traiterait d'un thème autour d'Halloween. Une idée salutaire, Carpenter n’ayant plus rien à raconter sur le personnage de Michael Myers, après un « Halloween II » à l’intérêt déjà discutable.
Cependant, le résultat a décontenancé la plupart des spectateurs à l’époque, déçus de ne pas revoir leur boogeyman fétiche à l’œuvre. De même, ils ont été surpris de découvrir un film d’horreur teinté de SF, plus proche d’un « Invasion of the Body Snatchers » que d’un teen-slasher ! A tel point que la franchise corrigera rapidement le tir, Michael Myers repointant le bout de son couteau dès le 4ème film.
Quoi qu'il en soit, ce « Halloween III: Season of the Witch » n'est pas si mauvais qu’on a pu l’entendre. Il semble même avoir gagné de l’estime au fil des ans, se démarquant des autres suites de la franchise qui n’ont fait que recycler le personnage de Michael Myers jusqu’à plus soif. Ainsi, l'ensemble démarre de manière très correcte, avec une BO signée John Carpenter himself, et des scènes horrifiques très sympathiques (les premiers plans, avec une poursuite nocturne entre une individu et une voiture, évoquent « Christine », qui sortira 1 an plus tard !). L’ambiance glauque dans une petite ville dominée par une fabrique de jouets est réussie, et Tom Atkins est charismatique en médecin enquêtant sur un meurtre sordide.
Le souci, c’est le scénario ! On peut franchement saluer l’idée de se détacher totalement du volet précédent, ainsi que l’intégration d’éléments amusants çà et là. Le hic, c’est que tout cela vire très rapidement au grand guignol. L’intrigue mêle maladroitement complot de fabricants de jouets, androïdes, masques piégés, sorcellerie, dans ce qui est sans doute l’un des plans de méchant les plus capillotractés de l’histoire du cinéma ! Sans compter de très nombreuses invraisemblances.
La fille de la victime qui oublie rapidement mort de son papa pour tomber dans les bras du protagoniste, 25 ans plus vieux et qu’elle connait à peine. Un héros dragueur aux mains baladeuses, dont l’alcoolisme ne sera jamais exploité dans l’histoire. Des méchants dont le plan est basé (entre autres) sur le fait que tous les enfants soient devant la TV en même temps à une heure fixe… dans un pays qui compte quatre fuseaux horaires. Des personnages aux réactions souvent stupides. Un final qui a de la gueule mais pas vraiment de sens.
« Halloween III: Season of the Witch » fait donc partie de ces films qui partent avec de bonnes intentions, mais dont l’exécution laisse malheureusement à désirer.