Halloween 20 ans après, septième opus, marquait la renaissance de la série tout en décidant.. de la refermer et osant régler le cas Myers. Le film a fonctionné, il avait tout pour cela. Akkad pouvait donc encore mobiliser des producteurs pour un nouvel opus de l’Halloween post-moderne. Halloween Resurrection appartient en effet à ce troisième temps de la saga, qu’on pourrait découper ainsi : 1) l’opus originel et le second qui en était un bonus, 2) Halloween 3 et la trilogie d’expérimentations chancelantes, 3) Halloween 20 ans après et Resurrection, à la fin des 90s, 4) Halloween revu et dopé par Rob Zombie.
La troisième partie remet en scène Jamie Lee Curtis (pour une courte durée ici) et surtout s’inscrit dans une dynamique ré-actualisée, bien en phase avec l’horrifique décontracté, très gore, vaguement conceptuel et largement référencé de la fin des 1990s et du début des 2000s. Mais si 20 ans après réussissait à jouer sur plusieurs tableaux tout en sublimant la dimension sacrée de Halloween, Resurrection est une épave, un slasher débile, de son époque en effet, avec un concept méta-fictionnelle pour pimenter également.
Problème, rien ici n’est propre au film en tant que tel, qui pompe largement les idées de Freddy sort de la Nuit (le 7e), où Craven (auteur des Griffes de la Nuit où Freddy est né) venait justement stopper les piteux délires sur sa création. Une hypothèse survient, cynique et assez épouvantable somme toute : s’agit-il d’une vengeance personnelle de Rosenthal, fâché qu’on ait remodelé son Halloween 2 (Carpenter estimait que le premier montage ne provoquait aucune frayeur). Lequel était, en passant, la seule suite remarquable du film de Carpenter, avant que 20 ans ne vienne s’ajouter à la liste.
D’ailleurs on retrouve, dans une moindre mesure et à la moulinette des standards de l’ère Scream, cette capacité d’immersion qu’avait Halloween 2. Surtout le quart-d’heure d’exposition, même si dépourvu du moindre suspense, est aussi vulgaire que formellement virtuose. La séquence du couloir nous laisse espérer un instant, mais déjà les premiers choix ridicules annonçant la crucifixion de la franchise entachent l’ensemble.
Et passée la mise à mort minable, sinon intolérable pour le fan, de Jamie Lee Curtis, nous basculons dans le teen movie outrageux. Dopé par une beauferie intégrale digne de Une nuit en enfer, il nous gratifiera au moins de ces petites répliques de campus méditatives à leur degré, tel « coucher avec un élève en musique équivaudrait à du lesbianisme » par l’étudiante en socio. Les "bombes" peinturlurées défilent, laissant supposer que Tyra Banks et Bianca Kajlich sont présumées stimuler le chaland.
Le film n’est pas si mal, le personnage du producteur est assez marrant en dernière instance, la correspondance entre l’héroïne et le non-obèse derrière l’écran n’a que des bénéfices. Film d’exploitation clinquant, Halloween Resurrection se fout ouvertement de toute crédibilité ; si Halloween 5, 6 et 20 ans après tordaient un peu la logique, ici on atteint un tel degré d’incohérence festive qu’on en devient vite blasé. Compte tenu de cette entreprise de déstructuration, il s’agit de contempler jusqu’où Rosenthal va emmener le saccage. C’est ludique, somme toute.
http://zogarok.wordpress.com/2014/10/31/la-saga-halloween/
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