Le tanin des plans
Auteur de très longs métrages fascinants s'appréhendant comme d'énormes blocs filmiques politico-contemplatifs Lav Diaz revient cette année avec l'impressionnant Halte, une épopée à la fois...
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Auteur de très longs métrages fascinants s'appréhendant comme d'énormes blocs filmiques politico-contemplatifs Lav Diaz revient cette année avec l'impressionnant Halte, une épopée à la fois rythmiquement éprouvante, visuellement somptueuse et moralement effrayante.
En dilatant d'innombrables plans-séquence tout en laissant la beauté des images maturer in situ le cinéaste philippin ausculte plus que jamais l'état de son pays et dresse le portrait d'un régime totalitaire en y instillant quelques éléments du cinéma de science-fiction. Dystopique et sidérant Halte part pourtant d'un postulat assez invraisemblable ( les Philippines, filmées dans un futur proche, sont en permanence plongées dans une nuit d'encre suite à une catastrophe naturelle ayant occulté le soleil )... Pourtant Lav Diaz parvient admirablement à transmettre un sentiment de crédibilité implacable aux spectateurs, nous acclimatant à cette atmosphère à la fois réaliste et surnaturelle, tour à tour laborieuse et inquiétante.
Le personnage du président - comiquement appelé à l'aide d'une amusante contrepèterie Nirvano S. Navarra - évoque à la fois la folie douce et le despotisme des grands empereurs de la Rome Antique. Volontairement grotesque cette figure pas si fictive qu'elle n'y paraît constitue le point névralgique du long récit de Halte, récit s'attaquant entre autres choses à la politique d'austérité et au totalitarisme du monde actuel.
Les plans, tous plus sublimes les uns que les autres, sont un ravissement rétinien des plus impressionnants : lumières nuancées, science du cadre et étirement temporel réinventant la notion de durée... Halte est donc encore une fois une splendeur plastique et fondamentale offerte par un cinéaste à la fois brillant et prolifique : à voir impérativement pour qui aime les expériences de cinéma soutenues.
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le 1 août 2019
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